D’accord

De Denis Beneich, Éditions Actes Sud, 95 pages.

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Un souvenir de repas de famille qui s’annonce dans une famille juive parisienne au milieu de la seconde moitié du vingtième siècle: la mère placidement en cuisine, le père, grognon, hystérique, obsédé par les courses de chevaux, l’unique enfant de la maison prudemment réfugié dans sa chambre devant ses devoirs. Quarante ans plus tard, un homme et son fils, Vlad, sont sur une route cotonneuse de Normandie, celle qui les mène vers ce vieux père qui ne reconnaît désormais plus son fils. Sidéré et paralysé par cette vision, ce dernier laisse le sien s’occuper de son propre géniteur, dont la mémoire ne fait plus son devoir dans ce home peuplé d’âmes en sursis et déjà desséchées. Longue nouvelle plutôt que court roman, D’accord (mot auquel s’accroche inlassablement un « pater » devenu « patère » voire portemanteau) est truffé de formules ciselées, par exemple: « Quant à son élocution, elle était si limpide qu’en l’écoutant, on avait l’impression d’apprendre l’orthographe. » Denis Beneich met son écriture limpide et imagée au service de cette vision lucide, mais sensible de la vie qui s’étiole. Une réflexion, également au sens de miroir, sur la transmission, l’âge, la mort, l’oubli et la dignité. Requiem pour une mémoire en exil…

B.R.

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