Crépuscule

De Jérémy Perrodeau, Éditions 2024, 144 pages.

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La bande dessinée et la science-fiction n’ont jamais pu se passer l’une de l’autre. Même la tapisserie de Bayeux a sa comète de Halley! Avec, ces dernières années, l’étalage du « moi » et du « sur-moi », la SF a déserté la bande dessinée underground, préférant les séries à rallonge plus « cinématographiques », au risque de se brûler les ailes. Mais chassez le naturel… il revient en vaisseau. Voilà qu’avec Crépuscule de Jérémy Perrodeau, les éditions 2024 remettent à l’honneur l’âge d’or de la science-fiction littéraire. Il y est question de terraformation d’une planète visiblement vierge de toute intelligence supérieure. Observée depuis son orbite par une station spatiale, elle est régulièrement visitée par une espèce de garde-chasse de l’espace qui rend compte des étapes de son évolution. Celui-ci disparaît après avoir observé un phénomène étrange. Une équipe de sauvetage formée de deux humains et de deux androïdes est chargée de retrouver le disparu ainsi que l’équipe de scientifiques de la base orbitale désertée. L’auteur a plus que probablement été biberonné à Robert A. Heinlein, Kim Stanley Robinson ou Arthur C. Clarke (et Stanley Kubrick). Ça fleure bon l’exploration de mondes étranges, les vortex temporels, les délires visuels façon 2001, l’odyssée de l’espace (le film)… Par une succession de flash-back, les pièces d’un puzzle futuriste se mettent en place et l’on se rend compte que la planète n’était pas si déserte que cela. Graphiquement, Jérémy Perrodeau use d’un minimum de moyens pour un maximum d’effets. Il utilise trois bichromies successives, pour trois ambiances et périodes différentes. Il ne fait aucun gros plan des visages de ses personnages et ne les représente presque exclusivement qu’en pied, laissant la nature environnante prendre tout l’espace des cases. Une très belle réussite.

C.B.

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