ÉLECTRONS LIBRES DE LA SCÈNE ÉLECTRO-DANCE BELGE, LES SUBSCADENASSENT (UN PEU) LEUR FOUGUE SUR LEUR NOUVEL ALBUM, HOLOGRAM, VOLONTAIREMENT PLUS POP, ET CONÇU ENTRE LONDRES, GAND ET BRUXELLES.

Interviewez les Subs, il en restera toujours quelque chose. Au minimum quelques anecdotes cocasses et, dans tous les cas, un gentil bordel. Le chaos, c’est un peu le moteur du groupe, et ça commence avec les langues, les trois membres jonglant entre néerlandais (les Gantois Jeroen De Pessemier et Wiebe Loccufier), français (le nouveau venu Hadrien Lavogez, d’origine « hexagonale ») et anglais. Jeroen: « On passe tout le temps de l’un à l’autre. En tournée, à l’étranger, quand les gens assistent à nos dialogues, ils nous regardent comme des extraterrestres. » Les Subs, c’est donc déjà deux albums (Subculture en 2008, Decontrol en 2011) et une poignée de singles électro-punk-dance-new beat: de Kiss My Trance à la blague The Pope of Dope, hymne drogué et potache, sorte de One (Belgian) Nation Under a Groove arrosé à la Cara pils. Au passage, petite mise au point de Jeroen De Pessemier, leader du trio: « L’association avec les drogues, c’est fini. Si tu veux tenir le coup, c’est impossible de combiner sérieusement avec la musique. Bon, on n’a pas dit non plus qu’on était complètement sains (en 2011, par exemple, Jeroen passait encore quelques heures au poste après avoir fait un tour sur le tapis d’arrivée des bagages à l’aéroport de Canberra, ndlr). Mais ce n’est pas possible d’être tout le temps chaotique. » Wiebe: « A vrai dire, on ne l’est qu’à 80 %… »

Avec le nouveau Hologram, The Subs effectue peut-être sa cascade la plus spectaculaire. Des voix féminines (Selah Sue sur Live in a Dream, l’Anglaise Jay Brown), des morceaux plus pop… Soit moins de sueur, plus de souplesse. L’explication? Elle vient de Jeroen De Pessemier: « Je vis aujourd’hui à Londres. Le but était d’abord de rejoindre ma copine. Mais je me suis aussi toujours dit que je partirais un jour vivre ailleurs. C’est bien d’arriver dans un nouvel endroit où personne ne te connaît. Emotionnellement, tu te sens plus vulnérable. Peut-être que cela se ressent sur le disque. » Hologram ose donc des morceaux moins rentre-dedans, lorgnant vers la house et le UK garage. Quitte à refiler le micro à d’autres. Hadrien: « Jeroen est un super chanteur punk-rock, mais pas vraiment un chanteur pop. » L’intéressé confirme: « J’ai essayé, mais on s’est vite rendu compte que ma voix était trop limitée pour ce que l’on avait envie de faire. »

De Fort Boyard au Gravensteen

Même en canalisant sa fougue, The Subs reste donc cette drôle d’équation que résume Wiebe Loccufier: « Un chanteur qui n’est pas chanteur, un batteur qui n’est pas batteur (Hadrien, guitariste de formation, ndlr), et un producteur qui n’est pas musicien (Wiebe himself, qui jusqu’ici se limitait au rôle de DJ, ndlr). » Ce petit décalage, il se manifeste encore dans l’un des « featurings » les plus improbables qui soit. Sur leur morceau Concorde, les Subs ont invité l’acteur français… Jean-Pierre Castaldi. « Colo (des Partyharders, ndlr) était venu me rendre visite à Londres. Il m’a fait écouter ce truc sur YouTube, Le troublant témoignage de Paul Martin (kitscherie seventies disco-érotique de Castaldi, ndlr). » Jeroen De Pessemier a le flash. Hadrien Lavogez un peu moins… « C’est devenu très hype de prendre des has been. Sauf que pour Jeroen, Castaldi n’a pas du tout cette image-là. Et tant mieux: au final, Castaldi est juste un mec avec une voix monstrueuse. Et en plus de ça, une personne tout à fait charmante. »

L’autre invité furtif est Colonel Abrams, auteur de Trapped, hit proto-house du milieu des années 80, repris par les Subs. « Aujourd’hui, c’est un « struggling » artist », euphémise Jeroen. « Il vit dans un motel, quelque part dans le New Jersey. » Pourquoi avoir pensé à lui? « Wiebe était obsédé par ce titre. Cela faisait des années qu’il essayait de caler l’a capella sur un morceau à nous. » L’intéressé confirme: « Un jour, en traînant sur le Facebook de DJ Jazzy Jeff, je tombe sur le commentaire laissé par Colonel Abrams himself: « Hey, appelle-moi, qu’on fasse un titre ensemble. Voici mon numéro. » Du coup, j’ai pris le numéro et j’ai moi-même appelé (rires). » L’Américain se pointera également à Gand pour réenregistrer sa voix. Pour finalement garder la piste originale…

Ainsi fonctionnent les Subs: avec le courant. Capables d’enregistrer encore une musique pour feu d’artifice (20 minutes, 3 montées, 3 descentes, 1 finale, pour les dernières Fêtes de Gand) ou de s’incruster jusqu’à la Monnaie (A night at the Opera, le 12/04). Jeroen: « L’album n’est qu’un arrêt sur images dans un processus où tout bouge constamment. C’est un flot permanent. Tout roule, tout coule. En fait, il y a quelque chose de très zen dans cette approche, presque bouddhiste. » Les Subs, bouddhistes. On aura vraiment tout entendu…

THE SUBS, HOLOGRAM, NEWS.

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EN CONCERT E.A. CE 04/04 À L’AB (BRUXELLES), LE 04/07 À ROCK WERCHTER…

RENCONTRE Laurent Hoebrechts

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