Elles sont toutes passées sur le billard, ont fait du sport, un régime, et ont marqué la télé belge à jamais.

Après deux mois à retenir notre souffle, nous avons enfin découvert à quoi ressemblaient les sept candidates à la beauté de l’émission  » Tout pour plaire« , produite par Everlasting et diffusée par RTL-TVI. Sept participantes qui nous avaient été présentées d’abord comme des chenilles – un manoir du Brabant wallon faisant office de cocon de transformation – et aujourd’hui magnifiques papillons. L’insecte étant d’ailleurs le logo de l’émission de téléréalité. Pardon, de coaching.

Sur un plateau animé par Nicolas Deuil (Français, TVI n’allait quand même pas brader ses animateurs) et Julie « MissBelgique » Taton (ironique, isn’t it?), les filles se sont avancées tour à tour dans l’ombre. Roulements de tambour, palpitations, puis elles ont été nimbées de lumière. Et là, on a vu les fameux cygnes qu’on nous promettait depuis des semaines, et qu’on avait peine à imaginer derrière leurs bandages de momies.

Mouais. Tout ça pour ça, donc. D’accord, elles ont des gros seins, des petites fesses, un nez sans bosses. Les édentées ont un râtelier flambant neuf, d’une blancheur hollywoodienne qui pique aux yeux. Toutes ont une chevelure qui leur balaie les reins grâce à la magie des extensions capillaires, une microjupe et des talons aiguilles sur lesquels elles vacillent. Mais quand les projecteurs s’éteindront? Quand les mèches se détacheront, que le traiteur low fat ne leur livrera plus rien? Que restera-t-il de  » Tout pour plaire« ?

FAUX DéBAT

Pour les candidates, hormis quelques regards amusés dans la rue, un moral à la hausse et quelques conseils de stylisme (pas de nattes dans les cheveux à 50 balais, Christine!), probablement pas grand-chose. L’univers de la télé belge, en revanche, sera irrémédiablement marqué par l’émission.

On le sait déjà aujourd’hui. Elle a soulevé une avalanche de critiques, une déferlante de questions. Dont celles-ci: la télé a-t-elle des devoirs? Une entreprise commerciale, pour autant qu’elle n’enfreigne pas la loi, a-t-elle tous les droits?

En pratique: peut-on charcuter des femmes des pieds à la tête, les montrer nues (au propre comme au figuré) à la télé, puis les remballer chez elles avec une petite tape sur l’épaule (sans accompagnement d’aucune sorte). Peut-on envoyer au public des messages du type: pour être bien dans sa peau, il faut être beau quel qu’en soit le prix à payer?

RTL promet d’examiner ces interrogations dans une émission spéciale programmée ce vendredi 4 avril à 19 h 45. La parole, annonce la chaîne, sera à l’accusation: la ministre Catherine Fonck, les journalistes qui ont dénigré le programme… On attend de voir. Parce qu’avec des interpellations du genre: « C’est quoi le problème avec la chirurgie? », on a l’impression que la chaîne tape loin, loin, loin à côté du débat.

DE MYRIAM LEROY