Cole of duty

Sur son sixième album, le rappeur fait le point sur son parcours, cherchant moins à marquer les esprits qu’à se faire plaisir. Partagé, en l’occurrence.

Le 16 mai dernier, J. Cole montait sur le parquet de la Kigali Arena au Rwanda. Fan de basket depuis toujours, le rappeur inaugurait la première édition de la ligue africaine de NBA, en enfilant le maillot du Patriots Basketball Club. Avec succès: l’équipe locale a fini par l’emporter contre les Nigérians de Rivers Hoopers, 83 à 60, Cole affichant à son compte personnel trois points, trois rebonds et deux passes décisives. Un premier test plutôt positif donc pour la star américaine qui jouait là son premier match professionnel. Deux jours plus tôt, il sortait en outre son nouvel album. Ce qui n’est évidemment pas tout à fait un hasard. J. Cole a souvent expliqué à quel point le sport de haut niveau pouvait s’apparenter à la compétition présente sur la scène rap. Avec son sixième disque solo, il enfonce le clou, de la pochette -un panier de basket-ball en feu- jusqu’au titre: la off-season désignant ce moment creux de la saison, où le joueur continue malgré tout de s’entraîner pour rester affûté et améliorer son jeu.

En l’occurrence, on a surtout l’impression que J. Cole se trouve plutôt à la mi-temps du match. À 36 ans, le rappeur, l’un des plus respectés de la scène US, fait le bilan. Son palmarès ne manque pas d’allure (le panier à trois points de 2014 Forest Hills Drive, probablement son meilleur album à ce jour). Mais sans que cela ne semble apaiser sa soif de reconnaissance. Si le rap est un sport, J. Cole a toujours cherché à être le meilleur dans sa discipline. Quitte à parfois forcer le trait.

Ces derniers temps, le rappeur originaire de Fayetteville, en Caroline du Nord, a régulièrement laissé entendre qu’il pourrait raccrocher. Ce n’est pas vraiment ce que semble annoncer The Off-Season.  » Je ne peux pas encore quitter le jeu, je me sens comme LeBron« , rappe par exemple Jermaine Cole sur 1 0 0. m i l. Après le tourmenté KOD (2018), il relance donc une nouvelle fois la partie. Pas question de s’éloigner de ses fondamentaux: Cole reste un « traditionaliste ». En ouverture, sur 95. south, il refait la route de Fayetteville à New York, rend un nouvel hommage à Jay-Z (en les citant et le samplant), et invite Cam’ron, des légendaires Dipset. Au passage, il ne peut s’empêcher de lancer une petite pique à tous ces rappeurs qui sortent  » des albums de 30 morceaux » , mais qui sont incapables de scorer dans les charts. On ne se refait pas…

Cole of duty

J. Cole a toujours tenu également à véhiculer un rap très politique. Bizarrement, un an après la mort de George Floyd et la résurgence du mouvement Black Lives Matter, The Off-Season s’aventure peu sur ce terrain -ce qu’avait déjà pu lui reprocher la rappeuse/activiste Noname. Au lieu de ça, J. Cole revient sur son parcours -ce qu’il lui a demandé de ténacité, de persévérance- et son amour du rap en général. Il le fait en invitant pour une fois pas mal de monde -de 21 Savage à 6LACK- et en laissant de côté ses penchants les plus « pompeux », entre nostalgie boom bap ( applying.pressure) et samples élégants ( hunger.on.hillside). Classique dans la forme, toujours musicalement consistant, mais avec une nouvelle légèreté qui lui va finalement assez bien.

J. Cole

« The Off-Season »

Distribué par Dreamville.

8

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