Cinéma total

Plus de 20 ans après sa mort, Kubrick fascine encore. La preuve par sept avec un box quasi-best of où les films en Blu-ray côtoient leurs suppléments en DVD.

Tout à la fin de l’excellent documentaire Stanley Kubrick: A Life in Pictures, réalisé en 2001 par le beau-frère du regretté cinéaste et offert ici en supplément DVD, Steven Spielberg, à qui Kubrick avait littéralement offert le film A.I., dit ceci à propos du maître:  » Stanley ne voulait pas se répéter. Il cherchait à se réinventer à chaque film. En tant que réalisateur, c’était un illustrateur conceptuel de la condition humaine. » La chose est connue: si Stanley Kubrick n’a, en effet, jamais cessé d’explorer toutes les facettes possibles de la condition humaine, c’est en continuant à explorer, parallèlement à ça, chacune des facettes possibles du médium cinéma. Quasiment à chacun de ses nouveaux longs métrages, l’Américain se piquait ainsi d’investir un nouveau genre cinématographique, dont il ne se contentait pas d’offrir une sorte de quintessence définitive, mais qu’il s’évertuait aussi à redéfinir en profondeur, à réinventer de l’intérieur.

Ce coffret Blu-ray rassemblant certains de ses films à l’empreinte la plus indélébile illustre à merveille cet état de fait. Comédie de moeurs mâtinée d’éléments policiers et mélodramatiques avec Lolita (1962), film de science-fiction avec 2001: A Space Odyssey (1968), film d’anticipation avec A Clockwork Orange (1972), film historique avec Barry Lyndon (1976), film d’horreur avec The Shining (1980), film de guerre avec Full Metal Jacket (1987) et thriller érotico-psychologique avec Eyes Wide Shut (1999)… À chaque fois, ce plasticien hors-pair doublé d’un immense cinéaste de l’ambiguïté déconstruit les conventions établies au sein d’une forme esthétique donnée pour mieux la sublimer. Le film pour lequel cela reste le plus vrai est bien évidemment 2001, véritable alpha et oméga de la SF au cinéma. Avec The Shining, c’est d’ailleurs le seul long métrage du lot qui se voit offrir un disque complet de suppléments. Soit plus de deux heures d’immersion au coeur des fascinants mystères de ce chef-d’oeuvre monstre du genre où Kubrick s’affirme plus que jamais en artiste total pilotant des films-expériences. Tous porteurs d’une vérité, les qualificatifs y pleuvent sur son compte: obsessionnel, mégalomaniaque, visionnaire, surdoué, intense, compulsif, audacieux, secret, controversé, control freak, incapable du moindre compromis…

Cinéma total

Alors bien sûr, on pourra toujours regretter l’absence ici de films aussi majeurs et déterminants que The Killing (1956), Paths of Glory (1957) ou Dr. Strangelove (1964). Mais comme le dit Martin Scorsese au tout début du docu -on y revient- Stanley Kubrick: A Life in Pictures:  » Un seul de ses films en vaut dix d’un autre. » Il y en a sept en tout dans ce coffret. On vous laisse faire les comptes…

Stanley Kubrick 7-Film Collection

Dist: Warner.

9

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