Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Nile Rodgers, les secrets d’un faiseur de tubes

DOCUMENTAIRE DE MARJORY DÉJARDIN.

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« C’est une légende vivante. Il est hors compétition. Il est devenu un trésor international, » dit de lui l’homme au chapeau Pharrell Williams avec qui il a participé au mégahit Get Lucky de Daft Punk. Fondateur de Chic et producteur de génie, Nile Rodgers fait danser le monde depuis pratiquement 40 ans maintenant. Né dans les années 50 d’une fille mère de 13 ans, élevé par des héroïnomanes et très tôt confronté au racisme et à la ségrégation, Rodgers, qui a grandi avec les films de la Blaxploitation, côtoyé les Black Panthers et décroché son premier boulot sur le programme pour enfants 1 rue Sésame, a avec Chic puis en tant que producteur enfanté un nombre incomparable de tubes. Si le documentaire bien foutu de Marjory Déjardin revient sur sa vie, sa rencontre avec son acolyte Bernard Edwards, plus vaguement sur ses démêlés avec la drogue, les excès qui l’ont miné ou encore son cancer qui l’a poussé à créer plus de musique davantage qu’à lever le pied, il détaille surtout (ce qui le rend si intéressant) la naissance de tous ces morceaux qui encore aujourd’hui font suer les dancefloors et trembler les boîtes de nuit. Depuis les premières chansons enregistrées clandestinement, la nuit, grâce à un pote qui les faisait entrer en douce au studio à ses récentes collaborations avec le jeune DJ suédois Avicii.

Tandis que Pharrell, le directeur général de Warner, le biographe du groupe, Simon Le Bon ou encore Sheila à qui il a ouvert les portes du monde, décrivent Mister Groove, que Dimitri From Paris décortique Le Freak et tout le génie de Chic, Nile himself dévoile ses secrets. A grands renforts d’anecdotes, il raconte la gestation du We are family de Sister Sledge. Diana Ross à qui il écrivait des chansons sur mesure. Madonna qui a fait appel à lui pour produire son deuxième album et dont il résume en une petite histoire tout le sens du marketing. Ou encore sa rencontre avec un David Bowie qui a besoin de tubes et qu’il fera plus qu’épauler sur son fameux Let’s Dance. Samplé dans le premier tube rap de l’histoire (le Rapper’s Delight du Sugarhill Gang), Nile Rodgers a à la fois marqué la disco, la pop, et le hip hop… « La musique me donne une raison de me lever le matin, dit-il. Le jour où je ne me réveillerai pas, les gens penseront sans doute: il ne devait pas avoir une chanson en tête la nuit dernière. » Ne lui reste plus qu’à éviter la panne d’inspiration.

JULIEN BROQUET

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