LE CARTON DE GET LUCKY, C’EST LUI. LA OLA POUR NILE RODGERS, L’HOMME AUX 1000 TUBES, COFONDATEUR DE CHIC, ET AUTEUR D’UNE AUTOBIOGRAPHIE RÉJOUISSANTE.

Le petit riff funky irrésistible, directement identifiable, il n’y a que Nile Rodgers pour produire ça. Dans la vidéo de Get Lucky, on le voit, guitare glitter en bandoulière, dreads jusqu’aux épaules, sourire béat qui laisse entrevoir ses dents de la chance. De la chance, Nile Rodgers en a forcément eu, pour avoir mené jusqu’ici une vie pour le moins chahutée, entre triomphes et déglingues. Du talent aussi. A ce stade-ci, cela tient presque de la magie, du pouvoir surnaturel. Car si le nom de Nile Rodgers ne dit pas toujours grand-chose, il est impossible de ne pas connaître au moins l’un de ses hits: Upside Down (Diana Ross), Let’s Dance (Bowie), Like A Virgin (Madonna), We Are Family (Sister Sledge), Notorious (Duran Duran)… Mais les tubes les plus monstrueux restent ceux qu’il a pondus avec son compère Bernard Edwards au sein de Chic. Des titres comme Le Freak ou Good Times sont des classiques absolus de la musique populaire du XXe siècle, hymnes discos du « plus grand groupe que le genre ait produit« , dixit Peter Shapiro dans son histoire du disco, intitulée Turn The Beat Around.

Strass et cocotte

Cela n’était pourtant pas gagné d’avance pour Nile Rodgers. Pour s’en rendre compte, il faut absolument lire son autobiographie dont la traduction vient tout juste de sortir (éditions Rue Fromentin). Sous-titré Destin, drogues, disco… L’autobiographie du fondateur de Chic, le livre est un petit bijou de truculence et d’optimisme à tout crin, bourré d’anecdotes toutes plus folles les unes que les autres, balancées avec bienveillance, sans fausse pudeur. La destinée de Nile Gregory Rodgers se joue des plans classiques. Dès le départ: né en 1952, à New York, sa mère n’a que 13 ans quand elle accouche. Une forte tête, indépendante, qui « baignait dans l’art, la littérature et la musique« . Avec son beau-père, un Juif du Bronx, elle forme un couple parental d’autant plus atypique que le drogue égaye régulièrement la vie familiale. Nile lui-même se met à sniffer de la colle dès 11 ans, et se retrouve à prendre son premier acide en présence de Timothy Leary, le gourou psychédélique, deux ans plus tard: des hits de la Motown, le gamin passe aux Doors. Par la suite, l’ado Nile Rodgers fraiera avec les communautés hippies, s’engagera quelques mois chez les Black Panther… Mais c’est encore dans la musique qu’il s’épanouit le plus. Alors que la disco est en train de prendre son envol, que les clubs poussent comme des champignons à New York, entre strass et coke, il forme Chic, avec Bernard Edwards. Influencés aussi bien par le jazz que par le conceptualisme de Roxy Music, ils mettent au point une machine à danser irrésistible, aussi hédoniste que maligne, navire amiral du mouvement disco. « En tant que membres fondateurs de ce mode de vie de la contre-culture, nous tenions nos réunions et nos manifestations sur la piste de danse. » A côté des lignes de basse d’Edwards, le jeu de guitare de Rodgers -sa « cocotte funk »- est l’autre signature immanquable du groupe. L’assurance d’un groove quatre étoiles. Demandez à Daft Punk: après plus de quinze ans d’existence, Get Lucky est bien parti pour être leur plus gros hit à ce jour…

NILE RODGERS, C’EST CHIC, ÉDITIONS RUE FROMENTIN, 278 PAGES.

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