Quantum of Solace, dernier-né de la saga James Bond (qui est en fait le premier, chronologiquement parlant), sort en DVD. Prétexte pour se voir en Bond girl.

e message est arrivé à la rédaction de Focus par des canaux utilisant une technologie de pointe (la boîte aux lettres électronique). Expéditeur: la 20th Century Fox. Destinataire: quiconque se sentira capable de relever le défi. La missive contient une invitation à se lancer sur les traces de l’agent 007. Le rédacteur en chef de Focus nous ayant accordé sa pleine confiance pour cette expédition de la plus haute importance, nous voici en route pour la patrie de Bond.

Rapport de mission:

Destination: Londres. Objet du voyage (officiellement): faire parler de la sortie en DVD et Blu-Ray du dernier James Bond. Objectif de l’invitée (sur ordre du rédacteur en chef de Focus, L.): devenir Bond girl. Ou à défaut se prendre pour. Arguments à mettre en avant: tous. Durée de la mission: trois jours. Gadgets fournis par Q.: dictaphone, stylo-bille, carnet, appareil photo, mascara. Difficulté de la mission: élevée.

1. Se faire remarquer par le réalisateur de Quantum of Solace.

Première raison de se réjouir: nous sommes l’unique fille – ou presque – de la délégation internationale qui s’apprête à rencontrer Marc Forster, réalisateur suisse qui a mis Quantum of Solace en musique. Deuxième: il est plutôt séduisant, le Marc.

Première déception: l’interview à laquelle nous sommes conviés sera collective, et durera 17 minutes (non pas 15, pas 20, mais 17: c’est écrit sur le programme). Tandis que certains de nos confrères ont droit à 20 minutes en face à face – joies et mystères des press junket…

Deuxième déception: Marc Forster ( A l’ombre de la haine, Neverland…) n’a pas spécialement envie de remettre le couvert – bondiennement parlant, s’entend. « Ils (ndlr: La Fox) me l’ont demandé, mais je ne préfère pas, pour l’instant. On ma donné des millions pour faire une grosse production et lui donner du c£ur, c’est vrai. Mais il y avait trop de pression, trop d’attention de la part des médias, pas assez de latitude en tant que réalisateur. Pour mes autres films – dont le plus grand flop commercial, Stay , était mon préféré d’un point de vue artistique -, j’avais un contrôle créatif et une liberté totale… Si je dois refaire un Bond , je voudrais avoir plus de contrôle sur les choses. A Hollywood, on dit que tu es « as good as your last movie « , et je n’ai pas envie d’être reconnu uniquement comme étant le réalisateur d’un James Bond . » Quelques heures plus tard, reposé, il tiendra un discours un peu moins désabusé, lors de la projection de son film en IMAX au British Film Institute de Londres. Il y reconnaîtra avoir réussi sa mission à lui, faire un film qui claque comme une balle.

Troisième déception: Marc ne nous a pas accordé le moindre regard.

2. Se faire coacher par une Bond girl, une vraie.

Elle s’appelle Olga Kurylenko. Elle est ukrainienne, vit à Paris, et prête son physique caméléon-canon et son impressionnante capacité à maîtriser les langues étrangères à des héroïnes tant latines que slaves, ou même orientales. Dans Quantum of Solace, elle est Camille, jeune russo-bolivienne en quête, elle aussi, de vengeance. Bond et elle s’épauleront dans leurs vendettas respectives, mais n’échangeront qu’un très chaste baiser. « Ça me rend fière, ça différencie mon personnage des autres girls », nous dit-elle entre deux réponses à un journaliste hollandais qui veut tout savoir sur ses goûts en matière d’automobiles (« Avez-vous déjà conduit une Lada, Madame Kurylenko? »). « Mais en même temps, elle n’a pas eu le temps pour ça (ndlr: le sexe) , le film va si vite, il n’y pas de place dans un script aussi intense… »

Si Olga-Camille n’a pas réellement séduit celui qui cherche à punir les responsables de la mort de son grand amour – et qu’elle ne peut donc nous briefer sur le sujet -, elle l’a toutefois épaté par ses prouesses physiques. Elle s’est fait fort de réaliser elle-même un maximum de cascades. La belle s’est par exemple entraînée plusieurs mois au-dessus d’un ventilateur géant pour une scène de chute libre plutôt impressionnante. Nous rencontrons justement l’égérie des parfums Kenzo dans un centre dédié au « bodyflight », qu’on nous invite à tenter (un journaliste espagnol ayant déjà revêtu la combinaison de chauve-souris de rigueur quand il rencontre Olga Kurylenko est d’ailleurs furieux que sa tenue lui ait cassé son coup). Résultat de la minute trente d’apesanteur au-dessus d’un ventilateur géant (1): plus de salive hors de la bouche que dedans, avec tout ce vent. Pas de quoi séduire ou impressionner.

3. Maîtriser les poursuites en bagnoles.

Pour ce faire, nous nous rendons au centre d’essai automobile de Millbrook Proving Ground, où Aston Martin se fait un peu de promo en promenant les journalistes en V8, DB9… Les participants à l’excursion ont la testostérone qui leur sort des canaux lacrymaux: é-mus qu’ils sont, plus encore que face à Olga. Ils se prennent en photo à côté de la carcasse de la voiture crashée dans la première scène du film, dehors, dedans, à deux, à dix… Un instructeur nous confie un volant (2). Accélération jusque 100 miles/h (160km/h), pneus qui mordent le bitume, freinage brusque qui nous permet de détailler tous les organes situés sous le diaphragme. Peur. Stop.

4. Conclure…

… sur un échec. Aucune Bond girl ne sommeille en nous. Une vodka-martini au shaker devrait nous consoler.

VOIR aussi la critique du dvd en page 30

Récit Myriam Leroy

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