Charles Lloyd New Quartet

© © scott williams

« Passin’ Thru »

Blue Note 7649888 (Universal).

9

C’est peu dire que les deux derniers opus de Charles Lloyd (dernier géant du ténor made in sixties encore en activité avec Wayne Shorter) nous avaient déçus, sinon même navré, à l’image du naufrage artistique total que constituait le désastreux I Long to See You capté en public à Montreux. Nous avions alors pensé, non sans tristesse, avoir perdu à tout jamais un musicien travaillé depuis toujours par des démons contradictoires (les volutes de la joliesse versus les profondeurs de l’abysse), ce que ce Passin’ Thru vient démentir avec panache. Le saxophoniste et flûtiste se retrouve à nouveau sur les lieux mêmes (Montreux) où fut enregistré l’échec discographique précité. Comme pour mieux effacer ce dernier, il nous offre cette fois un récital où beauté raffinée et force brute s’entremêlent dans une confrontation permanente. Parfaitement entouré de Jason Moran (piano), Reuben Rogers (basse) et Eric Harland (batterie), un New Quartet qui, avec ses dix ans au compteur, n’a de neuf que d’être le dernier en date, Lloyd fait montre d’une énergie toute au service d’une musique modale qu’il peut conduire jusqu’à l’implosion ou, au contraire, pousser vers la méditation, le tout avec un génie de la mélodie intact et l’aide d’un des plus grands pianistes en activité.

PH.E.

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