Chant balnéaire

© National

J’arrive à la station balnéaire. C’est l’automne. Le vent arrive de la mer (…) Les structures de loisirs sont vaines. La station balnéaire est plus morte à l’automne que Beyrouth-Ouest un jour de combats.” Dans les années 80, avant de connaître l’exil et de devenir fondateur des éditions Inculte, Oliver Rohe a vécu la guerre civile libanaise depuis un bungalow abandonné sur une plage, à 20 kilomètres de Beyrouth- Ouest. On peut donc penser qu’il est le narrateur même de ce récit, un adolescent vivant l’ordinaire et l’extraordinaire en même temps. L’extraordinaire avec la guerre, la peur, la faim, l’isolement et la mort, mais aussi le plus banal (et le plus fondamental à ces âges-là): l’amitié, la découverte des corps, les aspirations, les espérances. Un mélange de sensations et des extrêmes qui se retrouve dans la nature même de ce texte, court et puissant à la fois. écrit au présent et à la première personne, il tient autant du roman épique ou d’éducation que de l’essai poétique, lorsque l’auteur multiplie les retours à la ligne et les phrases très courtes dans une prose frôlant le vers. Un témoignage “différent”, il est vrai publié dans une maison qui aime éditer “autre chose”. Promesse tenue avec ce récit qui déploie une langue qui lui est propre, aussi touchante que singulière.

D’Oliver Rohe, éditions Allia, 160 pages.

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