De Clint Eastwood. Avec Angelina Jolie, John Malkovich, Michael Kelly. 2 h 21. Sortie: 19/11.Comme dans Mystic River, un enfant disparaît. Suit l’angoisse d’un enlèvement, d’une mort brutale et cruelle. Nous sommes à Los Angeles, en 1928. Christine Collins avait laissé son jeune fils Walter seul à la maison pour rejoindre son travail et renforcer une équipe de téléphonistes débordée en ce début de week-end. Quelques heures supplémentaires très chèrement payées car, au retour, Walter n’était plus là. La police n’interviendra que le lendemain matin, débutant une enquête difficile. Plusieurs mois passeront, l’espoir vacillera, puis arrivera la nouvelle: Walter est retrouvé! Convoquée à la gare pour accueillir son fils, Christine voit débarquer… un autre enfant. Elle signale l’erreur, mais la police insiste, et le gamin prétend bel et bien être son rejeton. Christine le ramènera chez elle, mais n’aura de cesse de retrouver le « vrai » Walter. Une insistance qui causera la colère de certains responsables policiers, soucieux de refermer un dossier embêtant et prêts, le cas échant, à faire interner une mère dont le jusqu’au-boutisme les gêne de plus en plus…

Formidable conteur d’histoires

Changeling s’inspire d’une de ces histoires vraies qui font se demander pourquoi des scénaristes s’acharnent à inventer des récits originaux. Ce film captivant de bout en bout trace le portrait d’une héroïne au quotidien, une mère courage qui jamais n’acceptera l’idée que son enfant soit mort. Il fait plus qu’esquisser, aussi, le portrait d’une époque où les abus d’une police corrompue pouvaient, volontairement ou non, protéger ou prolonger la trajectoire sanglante de certains criminels. Maîtrisant admirablement une réalisation classique aux lignes souverainement épurées, Eastwood s’impose une nouvelle fois, peut-être plus que jamais, en formidable conteur d’histoires. Il s’appuie sur le fait divers pour creuser en profondeur une matière sociale et humaine riche d’énormes contradictions et s’ouvrant parfois sur de terrifiants abîmes. Un traitement de la couleur subtil et désaturant l’image offre la texture idéale d’une plongée aux enfers criminels et policiers qui dégage une émotion prenante. Le jeu poignant d’Angelina Jolie est pour beaucoup dans l’impact du film. Nul n’oubliera son personnage maternel alliant force et vulnérabilité, doute et opiniâtreté, indépendance et compassion. Clint, qui apprécie les femmes de caractère, comme l’a encore prouvé récemment Million Dollar Baby, a peut-être trouvé en Christine Collins son héroïne la plus fascinante et – en même temps – la plus impénétrable. Avec le cynisme et la violence en moins, un je ne sais quoi de tranquillement résilient qui rappelle certains personnages de ses premiers westerns…

http://www.changelingmovie.net/

L.D.

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