Ces drôles d’années 30

Mon homme Godfrey

Elephant propose quatre chefs-d’oeuvre de l’âge d’or de la comédie hollywoodienne en version restaurée. Que du bonheur!

C’est un concentré de bonheur que nous réserve ces jours-ci Elephant Films avec la sortie de quatre pépites du cinéma hollywoodien des années 30. Si le krach de 1929 avait plongé l’Amérique dans le marasme, l’industrie du 7e art s’érigerait en rempart contre le pessimisme, la comédie notamment connaissant un âge d’or difficilement surpassable, non sans que la crise ne s’y invite en creux à l’occasion. C’est le cas, bien sûr, dans le génial Mon homme Godfrey, de Gregory LaCava, qui s’ouvre sur la décharge new-yorkaise où a échoué Godfrey Parke (William Powell) et où débarquent les soeurs Cornelia et Irene Bullock (Gail Patrick et Carole Lombard), deux mondaines de Park Avenue en chasse d’un exclu à exhiber devant leurs pairs. Et la seconde de jeter son dévolu sur Godfrey dont elle ne tarde pas à s’enticher, ce dernier se voyant promu maître d’hôtel, une fonction dont il s’acquitte avec un savoir-vivre à toute épreuve. Et pour cause, puisqu’il est issu de la haute société de Boston, la Grande Dépression ayant fait de lui un clochard, noeud d’un film cultivant, par-delà un propos généreux, un sens aigu de l’extravagance qui en fait l’un des sommets incontestés de la screwball comedy. Un autre quiproquo préside à La Vie facile, réalisé par Mitchell Leisen d’après un scénario de Preston Sturges. Jean Arthur y campe une jeune sténo prise erronément pour la maîtresse d’un riche banquier new-yorkais (Edward Arnold), après que ce dernier lui a offert le manteau en zibeline de sa femme, fourrure qu’il venait de balancer par la fenêtre dans un accès de fureur. Circonstances à l’origine d’un enchaînement de situations délirantes, et jusqu’à un mini-krach boursier, le tout emballé avec allant et élégance par Leisen.

Ces drôles d'années 30

Deux films de Leo McCarey complètent cet échantillon de haut vol. L’Extravagant Mr Ruggles expédie dans une petite bourgade américaine un domestique anglais stylé que son maître a perdu au poker. Le choc des cultures est violent, ce qui n’empêchera pas l’exotique Marmaduke Ruggles, campé avec jubilation par Charles Laughton, de tirer parti de la situation. Un régal de comédie, croquant non sans malice le rapport de maître à serviteur, tout en se raillant aimablement du snobisme. Le ton de Place aux jeunes est tout différent, puisque McCarey y met en scène un couple de vieillards qui, à défaut d’être accueillis par l’un de leurs cinq enfants après la saisie de leur maison par la banque, vont devoir se résoudre à une séparation cruelle et définitive. En attendant quoi, ils s’offrent une dernière balade onirique à New York sur les traces de leur lune de miel, parenthèse enchantée venue illuminer ce drame familial déchirant où le génie du réalisateur de Elle et lui se déploie tout en pudeur et en finesse… Un classique incontournable.

Ces drôles d'années 30

L’Extravagant Mr Ruggles

De Leo McCarey. Avec Charles Laughton, Mary Boland, Leila Hyams. 1935. 1 h 30.

Mon homme Godfrey

De Gregory LaCava. Avec William Powell, Carole Lombard, Alice Brady. 1936. 1 h 34.

La Vie facile

De Mitchell Leisen. Avec Ray Milland, Jean Arthur, Edward Arnold. 1937. 1 h 28.

Place aux jeunes

De Leo McCarey. Avec Victor Moore, Beulah Bondi, Thomas Mitchell. 1937. 1 h 31.

8

Ces drôles d'années 30
Ces drôles d'années 30

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content