Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

L’acteur est entré avec plaisir et naturel dans un univers de Poupoupidou qui lui va comme un gant…

Il s’impose si naturellement dans le rôle de David Rousseau, l’écrivain et enquêteur amoureux d’une… morte dans Poupoupidou, qu’on ne saurait imaginer d’autre interprète pour ce personnage. Jean-Paul Rouve n’est pas pour rien dans la réussite du film de Gérald Hustache-Mathieu, même s’il se défend de toute autosatisfaction. A la veille de démarrer la réalisation de Quand je serai petit (avec Benoît Poelvoorde), son second long métrage personnel après Sans arme, ni haine, ni violence, il nous a expliqué son implication dans le film coup de c£ur de ce début d’année.

Comment a débuté pour vous l’aventure de Poupoupidou?

Je ne connaissais pas personnellement Gérald Hustache-Mathieu. Quand il avait eu le César pour son court métrage Peau de vache, j’avais couru féliciter Sophie Quinton, que je trouvais formidable dans ce film. Sophie m’avait présenté son réalisateur, nous nous étions serrés la main. Ce fut notre seul contact jusqu’à ce qu’il m’envoie le scénario de Poupoupidou… que j’ai immédiatement aimé. Je m’y suis vu tout de suite. C’était super bien écrit, et balancé entre l’histoire policière, l’humour, le décalage, les parallèles avec Marilyn Monroe. Gérald est quelqu’un qui a un univers, et un point de vue. Les gens avec un point de vue sont trop rares pour que j’hésite à travailler avec eux!

Les références à Laura, à Fargo, à Twin Peaks, ont-elles fait l’objet de discussions préalables?

Gérald ne les a même pas mentionnées. Elles sont là, clairement, quand on voit le film achevé. Mais je n’en avais aucune idée en tournant le film. Il vaut mieux laisser le plus possible à l’inconscient, et le moins possible à l’explicite. Vous savez, le plus souvent, avec les réalisateurs, on parle des choses de la vie, de trucs très quotidiens. Cela suffit à nous apprendre l’un de l’autre ce qu’il nous est utile de savoir pour le film…

La neige qui recouvre les paysages, le froid ambiant, ont-ils eu un impact sur votre interprétation?

S’ils donnent l’impression d’en avoir eu, c’est tant mieux. Mais cela relève de la magie du cinéma. En réalité, sur un tournage bien organisé, vos rapports avec l’environnement se résument à presque rien. On s’occupe de vous constamment, pour que -par exemple- vous n’ayez jamais froid. Et pas mal de scènes ont été tournées en studio, sans que cela se voie forcément à l’écran…

Il fallait votre coefficient de sympathie pour que nous suivions votre personnage dans ses dérives parfois étranges?

Gérald y a pensé, c’est sûr. Il a insisté sur le fait que le spectateur devait pouvoir ressentir de l’empathie pour le personnage. Ce qui est relativement facile quand il se montre drôle, mais moins quand il dévoile les aspects sombres de sa personnalité. J’aime bien jouer à la fois le léger et le grave, ce mélange finalement très proche de la réalité de la vie, mais qu’on me propose trop rarement d’interpréter. Le fait que le personnage évolue de manière très sensuelle, c’est aussi quelque chose qu’on ne me demande pas d’ordinaire. Et que j’apprécie pourtant!

On prépare un rôle comme celui-là?

On se tient ouvert, simplement. On se doit aussi d’une chose primordiale, essentielle: la sincérité. Et puis moi, j’observe beaucoup le réalisateur. Gérald, je l’ai sans cesse scruté. Et je me suis nourri de lui pour jouer le personnage. Un réalisateur qui a un univers vous apprend plein de choses sur cet univers, et donc sur le film, rien que par sa manière d’être, de fonctionner. Cela ne fait pas longtemps que j’ai conscience de ça. Mais depuis quelques films, c’est du réalisateur que je me nourris…

Que vous inspirent les parallèles tracés entre le destin de Candice (Sophie Quinton) et celui de Marilyn Monroe?

On pense connaître Marilyn. Par ses films, où elle est bouleversante. Et par les livres consacrés à sa vie, à sa mort et à ses mystères. Mais la connaît-on vraiment? Par les échos qu’il provoque, et surtout parce qu’il passe par le ressenti des choses, Poupoupidou est peut-être au fond un film sur elle, sur Marilyn. Sur ce qu’elle nous communique, et sur ce qu’elle a pu éprouver elle-même derrière l’image de la star désirée de tous.

LOUIS DANVERS

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