Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Haute tension – Au cour d’une révolte et d’une prise d’otages dans une prison espagnole, un film intense, dur et captivant, aux fortes résonances sociales et politiques.

De Daniel Monzon. Avec Alberto Amman, Luis Tosar, Antonio Resines. 1 h 45. Sortie: 05/05.

Le zèle professionnel peut parfois avoir des conséquences imprévues. Juan Oliver ne commencera son travail de gardien de prison que demain, mais il est déjà venu rencontrer ses futurs collègues et se familiariser avec son nouveau lieu de travail. Mal lui en a pris, car une révolte se déclenche au moment même où il visite le bloc où sont enfermés les détenus réputés les plus dangereux. Alors que les autres gardiens prennent la fuite, il se retrouve dans une cellule inoccupée. Son instinct de survie lui dictera très vite de jeter ses papiers, de se débarrasser de ses lacets, bref de se faire passer pour un prisonnier. Un jeu délicat et risqué, car le chef de la rébellion, l’impressionnant Malamadre, se méfiera d’emblée du mystérieux nouveau venu, découvert dans la cellule 211…

Comment Juan va devoir rendre son imposture crédible, comment les autorités vont devoir gérer la situation sans mettre en péril la vie du jeune homme, comment la présence d’un trio de prisonniers politiques basques va faire monter les enchères d’une difficile et périlleuse négociation, le film de Daniel Monzon le narre avec une force peu banale. La tension installée dès les premières images ne faiblira jamais. Elle ira au contraire s’intensifiant, au gré de rebondissements qui mêleront progressivement le monde extérieur et les médias à la situation vécue de l’intérieur. L’impact de Cellule 211 est tout à la fois psychologique, sociologique, politique et moral. Il se nourrit des jeux de pouvoir et de faux-semblants entre les protagonistes, dans et hors de l’espace livré aux prisonniers révoltés. Mais aussi de résonances idéologiques quand les détenus terroristes de l’ETA deviennent des otages précieux pour les « droits communs » qu’ils méprisent et qui ne les aiment pas. Ou quand le chef de la sécurité de la prison, vétéran du métier, retrouve des réflexes brutaux associés plus que probablement à quelque expérience de maintien de l’ordre à l’époque franquiste…

Couronné de 8 Goyas (l’équivalent espagnol des César), Cellule 211 est un tour de force cinématographique, un film de genre assumant toutes les exigences spectaculaires que cela suppose, mais offrant un immense supplément d’âme par la complexité des enjeux, moraux notamment, auxquels il se confronte avec un rare bonheur.

Louis Danvers

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