Ce que Majella n’aimait pas

© National

À Aghyboghey (bled fictif), Majella (27 ans et en surpoids) a fait l’inventaire de tout ce qui la grattouillait dans l’existence et la liste -toujours ouverte- est nourrie. Mais malgré une mère portée sur la bouteille, un frère enrôlé par l’IRA dont la bombe artisanale a explosé trop tôt, un père aimé mais évaporé depuis des années et une grand-mère tuée brutalement, il lui faut chaque jour accepter son existence à la fois fracassée et routinière dans une Irlande du Nord loin d’être rangée des conflits. Derrière le comptoir de la baraque à frites Salé, Pané, Frit, elle officie avec Marty, son collègue expert en ragots du coin, avec qui les longues journées se terminent parfois par une partie de jambes en l’air dans l’entrepôt du fond. À l’instar de Jen Beagin (On dirait que je suis morte) ou d’Anna Burns (Milkman), Michelle Galen a le chic pour nous rendre bleus d’une héroïne a priori déclassée mais qui, malgré tout ce qui tourne en eau de boudin autour d’elle (intimement et politiquement), ne s’en laisse guère conter. Entre force faussement tranquille, odeur de graillon, sens de la répartie et langue qui croque, Ce que Majella n’aimait pas nous emballe, et on reprendra volontiers du rab de textes de son autrice après un tel début!

De Michelle Galen, éditions Joëlle Losfeld, traduit de l’anglais (Irlande du Nord) par Carine Chichereau, 352 pages.

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