Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.20 LA UNE

D’ HENRI HELMAN. AVEC FRÉDÉRIC DIEFENTHAL, JULIETTE LAMBOLEY, GRÉGORY FITOUSSI.

L’idée de confier à Frédéric Diefenthal la cape de Cartouche, fameux brigand de grand chemin du début du XVIIIe siècle, était à double tranchant. À l’instar de Jean-Paul Belmondo, qui campait Cartouche dans la version de Philippe de Broca (en 1962), Diefenthal fait partie de ces acteurs – on pense notamment à Bruce Willis ou même, plus près de chez nous, à Lorant Deutsch – dont le regard distancié et l’inconsistance passagère rappellent tôt ou tard (et généralement plus tôt que tard) qu’on est dans une fiction. Comme si Brecht s’invitait à chaque scène pour rappeler qu’on « regarde », mais qu’on ne »vit pas » ce qui se passe à l’écran.

Ce qui se révèle à double tranchant dans la mesure où Diefenthal, propulsé par la pop-corn attitude de la série Taxi, excelle dans les moments détachés mais manque un peu de coffre quand il s’agit d’exprimer une souffrance véritable. Or, si Cartouche est effectivement un bandit au grand c£ur, pourfendeur de la noblesse dominatrice, séducteur impénitent, il est également un homme meurtri par l’assassinat de sa femme et de l’enfant qu’elle portait.

cartouche SE LAISSE REGARDER SANS DÉPLAISIR

Le téléfilm démarre d’ailleurs comme cela: Cartouche assiste à cette tragédie, alors que la lame portée par le chef de la police, Nicolas de La Reynie, lui était destinée. Huit ans plus tard, le voilà évadé des prisons royales, et bien décidé à se venger… Cette dimension de vengeance, néanmoins, se dilue dans une romance ultra-convenue, et dans des facilités – le réalisateur semble avoir négligé quelques scènes et quelques seconds rôles – qui semblent inscrites dans le cahier des charges des téléfilms. Assez bizarrement, l’histoire est également tirée en longueur: on se demande pourquoi deux épisodes sont nécessaires à trousser un scénario parfois un peu faiblard, et qui aurait gagné à être resserré. Restons de bon compte toutefois: ce Cartouche se laisse regarder sans déplaisir, comme une sucrerie de capes et d’épées plutôt divertissante, comme un « relâche-cerveau » pas trop mal fignolé, au final. L’ambition du co-producteur DEMD ( Joséphine, Ange Gardien) n’était probablement pas autre. l

Deuxième partie le mardi 17 novembre

Guy Verstraeten

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