Metal hurlant – Tendu comme du spandex et clouté jusqu’au bout du gant, Brütal Legend rend hommage avec humour aux roadies et à la culture (hard) rock. De quoi oublier un gameplay tiédasse.

Édité par Electronic arts et développé par Double Fine Productions, âge 18+, disponible sur Xbox 360 et PlayStation 3.

Face à la mollesse des années 2000, qui ont consacré le bio et la zen attitude mais aussi la nu folk de Coco Rosie et l’électro lounge de Moby, une réaction épidermique se propage chez les kids de cette fin de décennie. De la nu rave façon Shitdisco au Nintendo Core (du metal croisé avec du Chip Tune) de Horse The Band, les exemples crépitent. Cette recherche d’une radicalité musicale et esthétique au goût parfois discutable (cf. le revival des t-shirts Megadeth) se prolonge également dans les jeux vidéo de rythme aux gimmicks graphiques baroques comme Guitar Hero et Rock Band. Le tout arrosé d’une série de compilations spéciales Van Halen, AC/DC, Metallica et Rocks the 80s.

Hommage rare au heavy metal et à la culture rock en général, Brütal Legend arrive donc à point nommé. D’autant que son histoire hallucinée caste un Ozzy Osbourne tordant en gardien du metal qui customise le hotrod (voiture sportive US fifties) du joueur, Lemmy Kilmister (bassiste de Motörhead) en chef d’un gang de motards à trois roues et surtout Jack Black qui a le bon goût de ne pas surjouer Eddie Riggs, son personnage de roadie catapulté dans le monde du metal. Monthy Python du jeu vidéo d’aventure des années 80 avec ses tordants Monkey Island, Tim Schaffer esquisse ici avec classe une pochette vinyle vivante en 3D d’un album de heavy. Un univers tout en clins d’£il, édenté de mécaniques motorisées folles et d’imageries mortuaires propres au genre.

Playlist juteuse

Si le scénario de Brütal Legend tourne autour d’une banale histoire de rébellion contre des démons, qui amènera Jack Black à croiser la route de glam rockeurs, de gothiques et de métalleux croqués avec justesse, l’amnésie frappant ce petit monde et les enseignements rock prodigués par Jack Black donnent lieu à des scènes et à des dialogues d’anthologie. Avec sa luxueuse playlist d’une centaine de titres (Def Leppard, Rob Zombie, Mötley Crue, Black Sabbath, Marilyn Manson…), Brütal Legend vise les fans du genre. Mais salue aussi l’aventure humaine vue depuis la fosse.

Bicéphale, le gameplay se fend ainsi de phases stratégiques « Stage Battle » où une foule d’éléments de la culture des festivals rock s’adaptent dans un gameplay Stratégie Temps Réel inspiré de Command & Conquer. Face à une mainstage QG, le joueur construit ainsi (et défend) des stands de goodies, embrigade des hordes de fans et lance divers assauts. Seconde facette, les passages Beat Them All déploient une large palette offensive entre coups de hache et magie en sorts simples et complexes, articulés en combo rythmique façon Guitar Hero. Entrecoupé d’une foule de missions éparses secondaires (comme des courses) à activer en parcourant le monde comme dans GTA, le c£ur ludique de Brütal Legend retombe malheureusement comme un soufflé, faute de rythme. L’imagination débordante et le talent narratif de Tim Schaffer ont beau faire mouche, son art du gameplay est loin d’être aussi abouti. Comme son précédent Psychonauts, Brütal Legend gagnerait donc à être porté au cinéma.

Michi-Hiro Tamaï

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content