F. GARY GRAY REVIENT SUR LES PREMIERS PAS DES NIGGAZ WITH ATTITUDE, LE GROUPE GANGSTA RAP QUI ALLAIT, AU CoeUR DES 80’S, RÉVOLUTIONNER LE HIP-HOP.

Straight Outta Compton

DE F. GARY GRAY. AVEC O’SHEA JACKSON JR., COREY HAWKINS, JASON MITCHELL. 2 H 27. SORTIE: 16/09.

7

Trois semaines au sommet du box-office, où il a damé le pion à Mission: Impossible, excusez du peu: Straight Outta Compton restera comme le succès surprise de l’été américain. A tel point que le film déboule ces jours-ci impromptu sur les écrans belges, porté par un buzz on ne peut plus favorable. C’est peu dire, pourtant, que l’on n’attendait plus grand-chose de F. Gary Gray, auteur, au tournant des années 2000, de quelques titres honnêtes (The Negotiator, ou encore The Italian Job, remake estimable du film de casse de Peter Collinson), avant de se vautrer dans les grandes largeurs, de Be Cool en Law Abiding Citizen. A croire, toutefois, que le cinéaste n’attendait que l’occasion de rebondir, offerte sur un plateau avec ce biopic musical consacré aux Niggaz with Attitude -le film empruntant d’ailleurs son titre au premier album du groupe gangsta rap de Compton, Californie, opus séminal qui allait révolutionner la culture hip-hop.

Produit notamment par Ice Cube, Dr. Dre et Tomica Woods-Right, la veuve de Eazy-E, emporté il y a tout juste 20 ans par le sida, Straight Outta Compton a sans doute des petits airs de biographie officielle (le rôle de Ice Cube est, par surcroît, joué par son propre fils, O’Shea Jackson Jr.). On ne pinaillera pourtant pas à la découverte du film, plongée aux origines incendiaires du mythe. Soit, en l’occurrence, les rues de Compton au mitan des années 80, banlieue black de Los Angeles réputée comme « l’endroit le plus dangereux d’Amérique », le contexte dans lequel émergent, en 1987, les cinq NWA. Et une réalité hautement inflammable à laquelle ils sauront donner une voix, rageuse et menaçante, et un groove, dévastateur, collant à l’urgence de la rue. Avec, en option, ce qu’il faut de provoc et plus encore –Fuck Tha Police, en effet, en guise d’hymne fédérateur…

C’est dans le rendu de cette réalité que le film de F. Gary Gray s’avère le plus convaincant, vibrant d’une énergie peu banale, en accord idéal avec une bande-son idoine. Envisagée de l’intérieur, l’histoire du groupe, elle, ne s’écarte guère, dans sa forme, des canons du biopic: exposition, ascension et puis dissensions du fait d’un trop de tout, ego, pognon et mode de vie rap’n’roll, qui composent, comme il se doit, un cocktail détonant. Classique, mais certes pas dénué d’aspérités, et pour cause. Straight Outta Compton s’impose encore comme le portrait d’une époque en résonance criante avec la nôtre, et (re)voir les émeutes consécutives à l’affaire Rodney King est à cet égard éloquent. Soit la matière d’un brûlot n’étant pas sans rappeler le cinéma d’un John Singleton époque Boyz in the Hood, en un juste retour des choses.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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