Reformations, nouveaux albums, tournées… De Boyzone aux New Kids on the Block, les boys bands sont de retour. Plus pour le pire que le meilleur.

La tournée la plus rapidement sold out de l’histoire du Royaume-Uni est celle de Take That l’été dernier. De leur côté, les Backstreet Boys, en attendant Westlife et Boyzone, viennent de sortir un nouvel album. Même les New Kids on the Block ont retrouvé le chemin des salles de concerts. Les ados hystériques de la fin du 20e siècle ne sont peut-être pas qu’un mauvais souvenir. Le boys band non plus.

Selon le Grand Julien (ça sonne mieux que le Petit Robert), le boys band est un groupe de jeunes chanteurs (rarement musiciens) au physique avantageux généralement monté de toutes pièces par des producteurs pour séduire un public de jeunes adolescentes.

Certains considèrent Wham!, voire a-ha, comme les pionniers du groupe de garçons. On va aller jusqu’à évoquer le cas des Monkees. On est en 1965. Dix ans après le subversif Elvis. Deux producteurs de télé cherchent à monter un groupe joyeux et optimiste pour un feuilleton hebdomadaire. Ils recrutent quatre malheureux parmi 437 prétendants, dont Steve Stills, futur mari de Véronique Sanson, rejeté à cause de sa mauvaise dentition, et Charles Manson, commanditaire du meurtre de Sharon Tate, madame Polanski. Bons morceaux ou non, les Monkees ne composent ni n’écrivent leurs chansons. Ne jouent même pas sur leurs premiers enregistrements. Et se retrouvent à jamais étiquetés premier groupe manufacturé.

La première vraie vague de boys bands ne déferle cependant qu’à la fin des eighties avec Bros, Big Fun et surtout les New Kids on the Block (70 millions d’albums à travers le monde). Le phénomène se transforme en raz-de-marée dans les années 90. D’abord avec les East 17 et autres Take That. Ensuite avec les Worlds Apart, Boyzone, Backstreet Boys et leurs homologues français, 2Be3, Alliage, G-Squad…

La plupart du temps, les boys bands ne touchent pas la queue d’un instrument. La recherche musicale et textuelle est le cadet de leurs soucis. La simplicité des mélodies et des paroles fait la loi.

Les boys bands ont toujours été aussi appréciés pour leur physique que pour leur musique. Adolescents, on dépense parfois par pulsion hormonale. Et quand on est une fille, on se sent plus mature que les garçons du même âge. Les producteurs de l’époque l’avaient bien compris en allant débaucher des saisonniers beaux gosses prêts à tout pour devenir célèbres et se remplir les poches. En ce compris chanter des trucs débiles la chemise ouverte jusqu’au nombril.

Pour appartenir à un boys band, il faut être beau, célibataire de préférence. Se dire capable de sortir avec ses fans. Etre un homme romantique sous des allures de bad boy. Posséder un discours politiquement correct. Puis, comme en sport, faut avoir l’esprit d’équipe. Pouvoir s’entendre avec un minet blondinet, un ténébreux noir de cheveux et dans le meilleur des cas un joli basané.

Difficile néanmoins de rester éternellement jeunes et beaux. Les boys bands font plutôt dans la carrière météorique voire la reformation pathétique.

Tout récemment, Scott Robinson et Abz Love, du boys band anglais Five, ont décidé de s’unir pour tourner à travers la Grande-Bretagne et chanter les tubes de leur ancien groupe qui avait déjà tenté un come-back à quatre en 2006. Ça fait quand même pas très sérieux…. Et qu’écrire des New Kids on the Block? Après leur grand retour sur disque et sur scène en 2008, Danny Wood, Donnie Wahlberg, Joey McIntyre et Jordan Knight ont tout les quatre planché cette année sur des projets solo. Moins reluisant, ils ont aussi trouvé le temps d’une croisière avec leurs fans et remettront le couvert l’an prochain. Trois jours pour un aller-retour Miami-Bahamas durant lequel les New Kids donnent un concert à bord, font des photos, signent des autographes et s’adonnent à des sessions de questions-réponses. Coût du voyage: au minimum 850 dollars.  » Nous avons réalisé que la première phase de notre carrière avait surtout été axée sur notre image, mais peu sur notre musique« , déclaraient récemment les gigolos. On a surtout envie de dire qu’elle a toujours été basée sur une seule chose: le pognon.

Bye-Bye

La BBC voit Take That comme  » le groupe britannique, aimé des jeunes comme des vieux, qui a obtenu le plus de succès après les Beatles« . Tandis que les Backstreet Boys, boys band qui a vendu le plus de disques au monde, ont écoulé 765 000 billets pour leur tournée de 2000-2001 en moins d’une heure. A quelques rares exceptions près, le boys band se résume à une gigantesque opération commerciale éclair. Parmi ces exceptions, les Backstreet Boys qui ont, mine de rien, sorti début octobre leur septième album, This is us. Une longévité qu’ils doivent plus que probablement à leur repositionnement tactique. Des passages dans le Saturday Night Live. Des percées dans le magazine Rolling Stone.

En vieillissant, Boyzone a lui aussi essayé de se repositionner. De séduire des filles de 20 à 30 ans avec, forcément, davantage d’argent à dépenser. Mika avait récemment accepté d’écrire une chanson pour le groupe britannique mais lorsqu’il a entendu l’interprétation de son titre, pas du tout convaincu par le résultat, il s’est opposé à sa sortie.

L’album, lui, verra bel et bien le jour comme prévu.  » Ce disque est une priorité. Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à notre ami Stephen Gately. » Car Gately, l’un des deux chanteurs du combo, est décédé en octobre dernier à 33 ans dans l’archipel de Majorque.  » Il semble qu’il soit sorti boire quelques verres, qu’il soit revenu, se soit endormi et jamais réveillé« , déclarait un de ses potes dans la presse. Une disparition tragique qui rappelait celle du 2Be3 Filip Nikolic en septembre. Non seulement les deux hommes avaient quasiment le même âge (une petite trentaine) et connu la gloire pendant les années 90. Mais en plus, ils sont tous les deux morts dans leur sommeil. Nikolic (35) d’une attaque cardiaque, Gately (33) d’un £dème pulmonaire.

Alcool, drogues, médocs… Les addictions camouflent souvent la dépression post célébrité. Nikolic en était tout de même arrivé à participer à l’émission de téléréalité  » Je suis une célébrité, sortez-moi de là. » Tristes fins.

Texte Julien Broquet

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