Boogie wonderland

William Onyeabor
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

TUERIE QUE CETTE COMPILE DISCO EIGHTIES NIGÉRIANE FOMENTÉE PAR LE LABEL SOUNDWAY RECORDS. MURDER ON THE DANCEFLOOR…

Divers

« Doing it in Lagos: Boogie, Pop & Disco in 1980’s Nigeria »

DISTRIBUÉ PAR SOUNDWAY RECORDS/V2.

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Quand on dit disco, on pense généralement New York, Studio 54, Donna Summer, Earth, Wind & Fire ou encore Gloria Gaynor… C’est le poids de ce qu’on appelle l’hégémonie culturelle. L’héritage d’une industrie américano (et anglo) centrée qui fait trop souvent peu de cas de l’exotisme et de la diversité. Le funk et le disco nigérians des années 70 avaient déjà eu les honneurs de plusieurs compilations, notamment sur les labels Soul Jazz (Nigeria Soul Fever) et Strut (Nigeria 70). C’est dans la décennie suivante, avec des pattes d’eph et des paillettes, que nous emmène celle du label Soundway Records, repaire londonien des Fumaça Preta, Meridian Brothers et autre Family Atlantica…

À Lagos, dans les années 80, la jeune génération de musiciens locaux veut prendre ses distances avec l’afrobeat et se dirige vers le son disco funk qui fait danser de l’autre côté l’Atlantique.

« Avec une discussion sans fin sur ce que peut ou ne peut pas être la world music et à une époque où l’influence des musiques africaines, latines et caribéennes est clairement acceptée comme un ingrédient qui a contribué et même fait partie intégrante à la formation du disco et de la proto-house, cette compilation espère établir l’importance solide du chapitre nigérian de cette histoire. » Plutôt irrésistible, Doing it In Lagos s’y attelle en deux CD (ou trois vinyles) et 21 titres taillés pour faire danser les foules et enfiler sa perruque afro.

Bâtie sur l’esthétique disco américaine, la compilation du label Soundway sonne comme un compagnon idéal à la musique de William Onyeabor. Le côté kitchounet, les petites touches rétrofuturistes qui semblent venir d’un film de science-fiction. Mais avec un son plus caractéristique du disco des seventies.

Les artistes s’appellent Hotline, Peter Abdul, Kio Amachree. Les tubes Funk With Me, Too Hot, Enjoy Your Life ou encore Fellas Doing It In Lagos… À moins d’être DJ ou spécialiste des musiques africaines, vous n’entrerez pas ici en terrain connu. Groupe d’étudiants au St Gregory’s College, Ofere enflamme la brousse avec Burning Jungle. Odion Iruoje, producteur envoyé dès 1969 en stage à Abbey Road par EMI Nigeria, alors que les Beatles y travaillent, joue avec le proto hip hop sur l’irrésistible Identify With Your Root. Tandis que Mike Umoh vous fera remuer tout seul dans votre salon avec l’amusant Shake Your Body

Les lignes de basse sont souvent irrésistibles. Le groove fait carburer la chaudière à plein régime et monter la température. Avec leur côté bricolé et des petits bruits de guerre intergalactique, ce dansant bijou (duquel il n’y a pas grand-chose à jeter) offre une promenade torride dans les night clubs de Lagos. Et comme la plupart des albums desquels sont extraites ces chansons ont atteint des prix exorbitants en ligne, ce n’est pas le genre de voyage que tout le monde peut s’offrir. Just do it.

JULIEN BROQUET

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