TROISIÈME LONG MÉTRAGE DES STUDIOS LAIKA, THE BOXTROLLS REND SES COULEURS À UNE ANIMATION EN STOP MOTION DISPENSANT UN CHARME DÉLICIEUSEMENT TERRIFIANT…

The Boxtrolls

DE GRAHAM ANNABLE ET ANTHONY STACCHI. AVEC LES VOIX (VO) DE ISAAC HEMPSTEAD WRIGHT, ELLE FANNING, BEN KINGSLEY. 1 H 32. DIST: UNIVERSAL.

7

Entamée en 2009 avec Coraline, et poursuivie trois ans plus tard avec ParaNorman, l’aventure Laika reste l’une des plus singulières de l’animation contemporaine, les studios de Portland, Oregon, s’étant spécialisés dans une stop motion aux contours gothiques du plus bel effet -manière aussi de s’écarter résolument des canons trop souvent lénifiants des productions mainstream, en osant des films délicieusement terrifiants. Démonstration encore avec The Boxtrolls, troisième long métrage maison, et une oeuvre à la noirceur assumée, quoique largement compensée par la poésie et le charme émanant de l’univers imaginé par Graham Annable et Anthony Stacchi.

Joyeusement macabre

Adapté du livre pour enfants Here Be Monsters! d’Alan Snow, le film a pour cadre Cheesebridge, bourgade semblant sortie tout droit de l’Angleterre victorienne. Tandis que les notables s’empiffrent de fromages choisis, indifférents au bien-être de la population, celle-ci vit dans la terreur des Boxtrolls, petites créatures peuplant les égouts, et dont il se dit qu’elles s’égayent la nuit dans les rues pour enlever des enfants. Du moins est-ce là la rumeur colportée par Archibald Snatcher, dératiseur s’étant fait fort d’éliminer cette vermine afin de s’attirer les faveurs de la haute société. La réalité est bien entendu fort différente, et les Boxtrolls ne sont rien d’autre que de petits chapardeurs bricoleurs aussi peureux qu’inoffensifs, et ayant recueilli pour l’élever comme un des leurs un enfant orphelin, Eggs. Lequel va bientôt tenter de s’opposer aux sombres desseins de Snatcher, entreprise dans laquelle il va recevoir le concours d’une audacieuse jeune fille, Winnie…

Adoptant une esthétique joyeusement macabre, The Boxtrolls transcende les limites d’un scénario par trop mécanique par la grâce d’une exécution tutoyant la perfection, qu’il s’agisse du soin maniaque apporté à chaque élément, des costumes aux décors, ou de la maîtrise exceptionnelle d’une stop motion atteignant, par endroits, à la magie pure. Par-delà son rythme échevelé, le récit d’apprentissage y trouve un supplément d’âme, que relève encore un sens de l’humour aiguisé, qu’il soit noir ou absurde. Soit une réussite originale, qu’accompagnent de nombreux et passionnants bonus, dévoilant généreusement les coulisses de la production avec l’appoint précieux des commentaires des deux réalisateurs. Ainsi, par exemple, de leurs explications sur différentes scènes à l’état d’esquisses pré-animées, qui contribuèrent largement à poser les bases de l’univers des Boxtrolls sans pour autant figurer dans le film, le spectateur découvrant là un passionnant work in progress…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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