Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Paint it black – Après un album électronique instrumental uniquement vendu sur le Web, le BRMC reprend la route du rock, des bars crades et enfumés. Bonne nouvelle.

« Beat The Devil’s Tattoo »

Distribué par Cooperative Music/V2.

Il faut bien avouer qu’avec leurs magouilles, trafics, pépées et arsouilleries, les vilains matous de Sons of Anarchy étaient devenus nos motards préférés l’an dernier. Les héros de la série FX détrônant sans trop de difficultés un Black Rebel Motorcycle Club en perte de vitesse roulant l’âme en peine, le pneu crevé sur une portion de la Route 66 pratiquement abandonnée.

Après la sortie de leur premier album en 2001, porté par le brûlot Whatever Happened To My Rock’n’Roll, Peter Hayes et son équipée sauvage n’étaient parvenus qu’une seule fois à nous prendre aux tripes. C’était en nous caressant à rebrousse-poil avec un disque folk, Howl, bien plus acoustique qu’électrique. A part ça, Black Rebel en avait bavé. Son histoire d’ailleurs est peuplée de défaites, d’humiliations, de gueules cassées et de losers patentés. De major peu avenante, Virgin Records, qui vous vire sans ménagement. De batteur indiscipliné, Nick Jago, qui se laisse ronger par la drogue et l’alcool.

Enfin, quelque part, le destin du BRMC devait être écrit et son leader Peter Hayes préparé. Le bonhomme s’étant tout de même entraîné à la guitare, en son jeune temps, avec le Brian Jonestown Massacre (à l’Aéronef de Lille le 28 avril) d’Anton Newcombe…

La peau du biker

Toujours est-il qu’en apprenant il y a 2 ans la sortie de leur cinquième album -la vaine tentative avant-gardiste The Effects of 333, limitée à Internet- on ne donnait plus très cher de la peau des Californiens. Certains, beaucoup même, les avaient enterrés, agonisant mais toujours vivants, dans un cimetière rongé par les mauvaises herbes, les mégots froids et les canettes de bière. Mais comme ils disent tous, cheveux au vent, sur leur Harley, il ne faut pas vendre la peau du biker avant de l’avoir tué. Avec Beat The Devil’s Tattoo, dont le titre a été emprunté à une nouvelle d’Edgar Allan Poe, le Black Rebel Motorcycle Club fait rugir le moteur, arrache le bitume, tape dans les tours et termine en wheeling avec quelques jolies ballades acoustiques.

On ne plaisante pas avec un groupe qui a fait craquer le plancher d’une salle, le Leeds Town Hall, vieille de 150 ans. Cet album lourd, sombre, lancinant et schizophrène, Peter Hayes et Robert Turner l’ont enregistré à Philadelphie en compagnie de Leah Shapiro, batteuse de tournée des Raveonettes, pendant l’hiver le plus froid jamais connu par la Pennsylvanie. Si on ne devait retenir qu’une chose de ce disque, ce serait son entrée en matière parfaite. Ce Beat the Devil’s Tattoo halluciné et tribal qui tambourine. Ce Conscience Killer qui sent l’excès de vitesse à plein nez. Puis, s’il se perd parfois un peu en chemin, le nouveau Black Rebel est quand même dans le genre nettement moins chiant que les side projects (Dead Weather, le deuxième Raconteurs) de l’ami Jack White. Get behind me Satan…

www.blackrebelmotorcycleclub.com

Le 14/05 aux Nuits Botanique (Chapiteau) avec Zaza, Wintersleep et Driving Dead Girl.

Julien Broquet

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