Du neuf avec du vieux – Laissé pour mort, le genre plate-forme revient en force avec Bionic Commando, un jeu culte et oublié des années 80. Vertigineux

édité par Capcom et développé par GRIN, âge 18+, disponible sur PC, PlayStation 3, Xbox 360.

S onic Unleashed, Street Fighter IV,Punch-Out!!… Les icônes vidéoludiques 2D nippones du début des années 90 réinterprétées en 3D défilent ces derniers mois sur supports new gen. Le confidentiel Bionic Commando suit le même chemin. Après le récent remake indispensable de Bionic Commando Rearmed, le titre SF renoue avec la recette arcade en mariant plate-forme et tir.

Porté sur NES et sur micro-ordinateurs (Amiga, Amstrad CPC, Atari ST, C64…), le titre de Capcom tente, 20 ans plus tard, un come-back 3D sans doute inspiré par le jackpot Metal Gear Solid, lui-même lâché en 1988 et réédité il y a dix ans par Konami. Mais, contrairement à ce dernier, Bionic Commando garde son ADN oldschool hardcore. Même si sa réalisation, son degré de difficulté et son gameplay ont été remis à niveau, les indices témoignant d’une démarche vintage s’accumulent. A commencer par la psychologie de Nathan Spencer, héros qui, malgré ses dreadlocks, semble sorti d’un jeu 80’s. Ou d’un film direct-to-video de Chuck Norris ou Steven Seagal.

Capitaine crochet yo-yo Malgré un pitch proche du nanar et quelques gimmicksretro gaming (les semi boss qui bloquent des portes, l’attitude hyper répétitive des soldats…), Bionic Commando réussit son entrée 3D dans le 21e siècle. GRIN, studio suédois chapeauté par Capcom, est ainsi parvenu à sublimer l’essence même de son gameplay, articulé autour du bras-grappin du protagoniste. Un accessoire à dérouler comme un yo-yo que le joueur projette pour éliminer des ennemis, arracher des éléments du décor mais surtout se déplacer.

Façade d’immeuble décrépite, canalisation éventrée en suspension, débris de pont autoroutier…, l’architecture hérissée d’Ascension autorise une foule de prises et de chemins possibles pour le crochet du capitaine Nathan Spencer. Mieux, cette spectaculaire mégalopole futuriste en ruines – qui laissera ensuite place à des décors végétaux – se prête à des acrobaties époustouflantes et fluides. Impossible Edge de DICE – le côté shooter en plus -pour l’ambiance très clean et lisse malgré l’environnement post nucléaire. DICE et GRIN sont d’ailleurs tous deux suédois. Hasard?

Loin d’être évident, ce plateformer de trapéziste demande une bonne heure d’apprentissage car il nécessite un timing parfait pour enchaîner les balancements, lâcher prise et s’agripper à un nouvel élément du décor. Les chutes ne sont heureusement pas sanctionnées, sauf dans l’eau car le héros ne sait pas nager. Aériens, spectaculaire et soulignés par une photographie lumineuse rarement prise en défaut, les déplacements façon Spider Man de Nathan Spencer se criblent de combats armés contre des soldats ou des robots hyper stylisés sauce Mecha.

Le grappin peut ainsi, à l’occasion, servir d’arme mais la jouabilité offensive se déploiera avant tout entre pétoires conventionnelles tombant du ciel au fil des niveaux (fusil sniper, bazooka…) et mouvements de projection spectaculaires d’objets (caisses, barils, voiture en feu…). Intéressante mais sous-exploitée au détriment de l’art du déplacement, les joutes armées témoignent au final d’une mollesse anesthésiant l’action. Pas d’implication: on ne s’exclame pas en cas de victoire contre un boss. Flatteur d’ego pour hardcore gamer avec ses trophées à récolter dans des lieux inouïs, Bionic Commando se savourera donc avant tout pour son gameplay plate-forme. Un style rare, sur le retour ces jours avec Musroom Men, Banjo-Kazooie Nuts & Bolts 2 et le prochain inFamous. l

Michi-Hiro Tamaï

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