
Big in Belgium
Longtemps vue comme l’une des séquelles les plus ringardes des années 80, la new beat est désormais réhabilitée. Pour nouvelle preuve, à l’occasion de ses 30 ans, la sortie d’un livre qui retrace son histoire, folklore et excès compris.
C’est l’histoire d’une longue réhabilitation. Celle d’un courant musical né dans la marge pour toucher jusqu’au grand public, avant de se ringardiser quasi aussi vite -et en cela, symptôme d’une décennie qui sera elle-même longtemps honnie, considérée comme perdue pour les tenants d’un certain bon goût. L’action se déroule, on l’a deviné, dans les années 80. Alors que l’acid house commence à déferler sur l’Angleterre, la Belgique trouve son propre carburant pour dancefloor halluciné: la new beat. Un groove maison sombre, qui tourne au ralenti pour des nuits qui n’en finissent plus. Une musique de kermesse qui serait aussi un peu celle de la fin du monde. La folie durera plus ou moins deux ans. Sa mise au placard, près de deux décennies.

En effet, il a fallu attendre les années 2000 pour que l’on commence à se repencher sur une musique bien plus influente qu’on ne l’avait cru. Depuis, il serait exagéré de dire que la new beat a retrouvé massivement le chemin des clubs, mais elle a pu jouir d’une nouvelle légitimité. En 2012, la diffusion du documentaire The Sound of Belgium fut capitale: avec son récit aussi documenté qu’enlevé, le film a permis de réexpliquer l’impact, jusqu’à l’international, et l’originalité de ce groove noir-jaune-rouge. The Sound of Belgium fut suivi de nombreuses soirées, et d’une série de compilations. Au même moment, les frères Dewaele consacraient une heure des 24 que compte leur grand mix audiovisuel Radio Soulwax. « Sometimes youth culture produces fads that live forever », annonçait l’épisode, qui à sa manière retraçait également l’Histoire du mouvement. Même les musées se sont mis à creuser cette période (l’expo Energy Flash, consacrée à la rave culture, en 2016, au Mukha d’Anvers). Manquait alors encore le livre qui pourrait résumer ce mouvement sur papier. C’est à cette tâche que s’est attelé Kristof Vandenhende, passionné qui a rencontré une soixantaine d’acteurs de l’époque pour nourrir son récit. S’il n’est pas sans défaut (à commencer par sa traduction française à la truelle et sa couverture peu avenante), il a le mérite de retracer l’Histoire du mouvement, 30 ans après les faits, en oubliant les grandes envolées pour multiplier les détails et anecdotes bien senties. Pour mettre les petits plats dans les grands, il sera par ailleurs accompagné d’une quadruple compilation et d’une soirée au Vooruit. Drop the deal!

Belgian New Beat, de Kristof Vandenhende, autoédition. La compilation Belgian New Beat est, elle, éditée par le label NEWS.
Soirée de présentation le 24/03, au Vooruit, Gand.





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