Bezimena

Depuis une sombre affaire traumatisante des années 90, il est très difficile d’aborder le sujet de la pédophilie. Nina Bunjevac, artiste à part, n’a pas choisi la facilité: entrer dans la tête du meurtrier. Benny est un petit garçon perturbé qui ne peut s’empêcher de se masturber à la maison, à l’école, à l’église… Il subit les punitions de ses parents, membres respectés de leur communauté. Devenu adulte, il fuit autant que possible la compagnie des hommes et devient gardien de zoo. Un jour, il tombe sur l’objet de ses fantasmes de jeunesse, la belle White Becky qui a bien grandi. Il la suit, sous prétexte de lui rendre le carnet de dessins qu’elle semble avoir oublié. Ne pouvant le lui rendre, il le ramène à la maison et y découvre une série de dessins érotiques le mettant en scène avec Becky, une amie ainsi que la bonne. Pensant à une prémonition, il décide de passer à l’acte. Hélas, la réalité est toute autre. La première chose qui frappe le lecteur est le sublime graphisme de l’artiste serbo-canadienne. Elle développe au fil de ses oeuvres un dessin expressionniste où l’encre noire appliquée en petits traits et pointillés prend le dessus sur le blanc. Ici, l’ambiance rétro qui se dégage des illustrations est exacerbée par une imagerie érotique vintage façon Dita von Teese. Enfin, la maquette, où l’illustration de droite répond au texte de gauche, achève de conférer à l’ensemble un aspect luxueux. Même si certaines scènes sont explicites, la froideur qui se dégage de l’ensemble empêche le trouble de gagner le lecteur, ce qui sauve le récit vu la tournure des événements. L’ouvrage se termine par une postface de l’auteure expliquant les raisons qui l’on poussée à écrire cette histoire perturbante, réduisant à néant toute ambiguïté.

Bezimena

De Nina Bunjevac, Éditions Ici Même, 244 pages.

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