Cette sélection omet volontairement les disques et genres extrêmes -hardcore, death metal, industrial music etc- pour un choix de 5 grands déraillements populaires.

1969 John Lennon/Yoko Ono « Unfinished Music N°2: Life With The Lions »

Yoko annonce « This is a piece called Cambridge 1969 » et puis pousse un interminable rugissement de chat ébouillanté que vient rejoindre un larsen du même chromosome. Peu à peu, Yoko se met à yodeler et s’offre un orgasme vocal qui, au total, dépasse les 26 minutes. « Insupportable » semble un terme modéré. Le reste de l’album mixe des berceuses nunuches (No Bed For Beatle John, Song For John), une échographie (Baby’s Heartbeat) ou encore Two Minutes Silence justement titré. Influencé par John Cage et les théories du psy Arthur Janov, l’album sorti en pleine déconfiture Beatles vous fera haïr Yoko Ono. Si ce n’est déjà fait…

1976 Emerson, Lake & Palmer « Love Beach »

Rarement aura-t-on entendu un disque qui signe aussi cruellement la fin d’un genre musical et une absence totale d’inspiration. ELP aura été le plus ballonné brontosaure du prog-rock, flattant tous les clichés: solos marathons, pseudo-virtuosité, morceaux interminables, conceptualisation pour ados impressionnables. Là, les carottes sont cuites, les synthés sont grotesques et les morceaux ressemblent -au mieux- à un générique de Bel RTL (Canario). Le tout trimballe autant d’émotion que la pochette, c’est-à-dire zéro.

1978 Rod Stewart « Blondes Have More Fun »

La pochette est à l’image de la vulgarité d’un album où Rod The Mod se prend pour le séducteur ultime: sa blondeur, l’£il aguicheur, serre une poule brune qu’on voit de dos dans un déshabillé pseudo-léopard. Classe. Da Ya Think I’m Sexy est la plus atroce chanson d’une série aux titres évocateurs: Ain’t Love A Bitch, Attractive Female Wanted et Blondes (Have More Fun). Blindé de textes de sous-Casanova de quartier, Stewart a la quéquette en feu et se croit irrésistible. La bonne blague.

1993 Guns N’Roses « The Spaghetti Incident? »

Avec une intuition de sonotone bouché, la bande à Axl déplace son panzer-rock sur les terres de la reprise punk. Rose tente de chanter comme Rotten alors que les riffs de guitares prennent la même veine parodique (Down On The Farm des déjà médiocres UK Subs). Mais le naturel n’est jamais loin, ainsi Human Being (New York Dolls) où le falsetto criard du chanteur emmène un gras boogie qui ferait passer Lynyrd Skynyrd pour Simone de Beauvoir. La cover d’une chanson du serial-killer Charles Manson a été ôtée des rééditions ultérieures. L’ensemble est globalement hideux. La pochette d’un gros plan de spaghettis saucés, l’est aussi.

2007 Scott Walker « And Who Shall Go To The Ball? And What Shall Go To The Ball? »

L’ancienne vedette pop sixties des Walker Brothers en pleine crise de nouvelle musique dans cette pièce destinée à un spectacle de danse moderne. Soit quatre ins- trumentaux qui ressassent tous les cadavres de la musique contemporaine: langueurs dissonantes, bruitages d’école primaire, brusques changements de température orchestrale, atonalité patentée, cordes dépressives, grognements chargés, etc. Seule la longueur console: le disque fait moins de 25 minutes… l

Ph.C.

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