Bessie Jones

« Get in Union »

Son nom ne vous dit probablement rien et pourtant. Bessie Jones, emportée par une leucémie en 1984, est peut-être bien, sans que vous le sachiez, planquée dans un coin de votre discothèque… C’est elle dont Moby a samplé le Sometimes sur son plus célèbre album, Play. Née en 1902 en Géorgie, Mary Elizabeth Jones a vécu ce genre de vie improbable et cabossée dont on fait les légendes. Son grand-père, un ancien esclave, lui apprend les chansons qu’il entonnait dans les champs. À dix ans, Bessie devient nounou. À douze, elle est déjà mère et mariée. Après la mort de son époux, elle part pour la Floride. Joue aux cartes et vend de l’alcool de contrebande. Après avoir rencontré un ensemble vocal sur l’île de Saint-Simon déjà immortalisé par Alan Lomax, Jones se fait repérer par l’ethnomusicologue en 1959 et frappe deux ans plus tard à la porte de son appartement new-yorkais pour lui demander d’enregistrer sa musique et son histoire. Il la surnommera la mère courage des traditions noires américaines. Bessie Jones fait la tournée des night-clubs du pays, et des écoles pour enseigner aux enfants tout ce que ses grands-parents lui ont appris. Elle interprète d’anciens negro spirituals, des chansons pour gosses et pour esclaves… Méconnue par ici, Jones fut l’une des plus importantes chanteuses traditionnelles du XXe siècle. Réédition améliorée (neuf inédits) et digital only d’une compilation déjà sortie en 2014, Get In Union rassemble ses enregistrements par Lomax avec les Georgia Sea Island Singers et d’autres. Pas moins de 60 morceaux au grain de voix inimitable qui sentent bon le gospel et le fin fond des États-Unis au siècle dernier. Exceptionnel.

Distribué par Global Jukebox.

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