On n’en a pas fini avec ces quatre-là. On ne parle pas d’Oasis, qui a implosé en vol le week-end dernier dans les coulisses du festival Rock en Seine. Mais bien des Beatles, le modèle, le mantra, l’alpha et l’omega des frères Gallagher (pour le meilleur, Wonderwall ou Don’t look back in anger, et désormais aussi pour le pire, les querelles intestines chroniques et finalement le clash…). Inépuisable, l’£uvre de John, Paul, Ringo et George prend une nouvelle dimension aujourd’hui avec la double sortie, le 9 septembre, de leurs 13 albums remasterisés et du jeu vidéo The Beatles: Rock Band. Grâce à ce dépoussiérage, les Fab Four entrent de plain-pied dans le XXIe siècle. Et reprennent du service pour au moins 100 ans. L’opération, qui pourrait passer pour une nouvelle tentative frelatée de faire sonner le tiroir-caisse, se révèle à l’autopsie convaincante. Mieux: nécessaire. Car le son des Beatles, qui datait de 1987, était encore enrobé de ce voile brumeux typique des premiers CD. Un « upgrade » s’imposait donc. Le décrassage des sillons offre ainsi une nouvelle jeunesse à un catalogue qui n’avait par ailleurs pas pris une ride. Il lui redonne du tonus, de l’élasticité. Et le rend encore plus étourdissant. Quant au jeu vidéo, il propulse tout simplement la machine à tubes beatlesienne dans le monde digital dont il était jusqu’ici étrangement absent (pour ne pas laisser filer la poule aux £ufs d’or?). Une petite révolution qui va permettre aux jeunes oreilles encrassées de MP3 de succomber à ces mélodies juteuses et maléfiques. L’occasion était trop belle pour ne pas consacrer un numéro à ce groupe mythique qui a non seulement écrit la bande son des sixties mais a surtout influencé définitivement l’histoire de la musique. Et fait bouillir le lait d’une jeunesse assoiffée de liberté. Les Fab Four sont depuis confortablement installés dans l’imaginaire collectif, au même titre que ces figures patriarchales que le XXe siècle a légué à l’Humanité. Les Beatles sont à la musique et à la culture populaire ce que Churchill et de Gaule sont à la politique, ce que Kubrick est au cinéma ou ce que Gandhi est à l’action civique: une quintessence, une épure, une balise. Et un orgue sensoriel. Il suffit de citer le titre d’une de leurs innombrables chansons cultes pour faire germer dans les esprits les plus stériles les branches d’un refrain entêtant qui ne cessera de grimper le long du nerf auditif. Un peu Monty Python, un peu boy’s band, un peu fashion, un peu alter, un peu fusion, ils annoncent les modes à venir. Avec les Beatles, on ne mord plus dans la madeleine, on avale directement tout le paquet de biscuits…

par laurent raphaël

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