Bass Rock

Nous entrons dans Bass Rock par une plage de rochers noirs où a lieu une découverte macabre, annonciatrice de tout ce qui se terre sous la surface. Evie Wyld ramifie ensuite son propos en trois destinées sur les côtes écossaises. Nous voilà tour à tour au XVIIIe siècle aux côtés de Sarah, jeune fille accusée de sorcellerie et pourchassée par son village; puis dans les années 60 auprès de Ruth, mariée sur le tard à un veuf et vétéran de guerre déjà père de deux garçons; enfin, à l’époque contemporaine avec Viviane, venue faire l’inventaire de cette énigmatique grand-mère par alliance. Avec un cynisme digne de Fleabag, cette quadra londonienne a bien du mal à s’ancrer et vient d’avoir une liaison avec le compagnon de sa soeur. Sous l’élégance feutrée, les trois femmes vacillent, avec leurs solitudes en échos. On les découvre faites de tessons tantôt usés comme les débris après la marée, tantôt tranchants, comme les objets que Ruth se retient à grand-peine de briser après avoir découvert la liaison de son mari. Evie Wyld signe ici un roman atmosphérique et subtil, où la violence des hommes, qu’elle soit insidieuse ou frontale, a bien du mal à disparaître avec le ressac et où la déception qu’ils provoquent laisse autant de stigmates qu’un déversement de goudron.

D’Evie Wyld, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (Australie) par Mireille Vignol, 336 pages.

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