à LA MORT, à LA VIE – Un coffret réunit les trois premiers films de Julian Schnabel. Trois biographies, et autant de destins fracassés.

Basquiat de Julian Schnabel. Avec Jeffrey Wright, Gary Oldman, Benicio Del Toro. 1 h 45.

Before Night Falls de Julian Schnabel. Avec Javier Bardem, Johnny Depp, Olivier Martinez. 2 h 08.

Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel. Avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Marie-Josée Croze. 1 h 47. Edité par Pathé!, distribué par Melimédias.

Il y a, dans le parcours cinématographique de Julian Schnabel, par ailleurs plasticien d’internationale renommée, une évidente cohérence. Trois biographies composent à ce jour sa filmographie et, avec elles, autant de destins fracassés, pour des £uvres qui n’en sont pas moins d’intenses saluts à la vie.

Réalisé en 1996, Basquiat est le portrait de l’artiste d’origine haïtienne Jean-Michel Basquiat. Graffeur et bientôt peintre, il est adopté par l’avant-garde new-yorkaise – Warhol ne jure que par lui – et connaît un succès retentissant, avant de mourir d’une overdose en 1988, à l’âge de 27 ans. De cet homme et de ses élans, le cinéaste propose un portrait impressionniste et fragmenté, entre effervescence et solitude indicible. Parabole sur le succès – Basquiat surfe littéralement sur sa vague à l’écran avant de voir les rouleaux se refermer sur lui -, le film bénéficie d’une bande-son imparable et, aux côtés de l’impeccable Jeffrey Wright dans le rôle-titre, d’une distribution quatre étoiles. Il échoue cependant à restituer l’essence même du peintre et de son art.

Before Night Fallss’attache à une autre figure « sacrifiée », l’écrivain homosexuel cubain Reinaldo Arenas, compagnon de la Révolution avant d’être persécuté par le régime, et de disparaître, en 1990, dans l’abandon d’un exil américain. Autant qu’une biographie émouvante d’un artiste au talent trop tôt consumé lui aussi, Before Night Falls est un ouvrage militant sur la liberté. Schnabel se montre à l’aise sur l’un et l’autre terrains, tout en étant admirablement servi par Javier Bardem.

ESPRIT LIBRE

Dernier volet de ce triptyque, Le scaphandre et le papillon est, pour sa part, une £uvre absolument saisissante, la transposition à l’écran du livre autobiographique éponyme de Jean- Dominique Bauby, rédacteur en chef de Elle, atteint du « locked-in syndrom » suite à un accident vasculaire cérébral. Entièrement paralysé, cloué sur son lit d’hôpital, il ne communique plus avec l’extérieur que par battements de sa paupière gauche – cruellement enfermé dans sa bulle, non sans conserver une complète lucidité; un corps emprisonné mais un esprit libre.

Saisissant, le film l’est par son parti-pris de mise en scène, épousant le regard de Bauby en caméra subjective, tout en faisant du spectateur son confident par la grâce d’une voix off restituant ses monologues intérieurs traversés d’humour à froid. Il l’est aussi, naturellement, par l’exception de ce destin, et la force vitale désespérée qui en émane – Bauby s’éteindra quelques jours après avoir fini de « dicter » son histoire suivant un code de communication particulièrement ingénieux. Film intense et sensible, reposant sur un dispositif magistral et un acteur phénoménal, Mathieu Amalric, Le scaphandre et le papillon méritait amplement le Prix de la mise en scène glané l’an dernier à Cannes.

De maigres bonus complètent les trois films: biographies sommaires pour Basquiat, brève interview de Reinaldo Arenas pour Before Night Falls, rencontre plus conséquente, mais assez anodine, avec Julian Schnabel pour Le scaphandre et le papillon.

www.lescaphandre-lefilm.com www.melimedias.com

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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