Le monde du jeu vidéo n’en finit pas d’explorer de nouveaux horizons. Il franchit le mur du son et connecte les consoles à grande échelle. État des lieux et hit-parade des meilleurs soft.

Elle a fini par prendre la poussière, cette belle Stratocaster payée à grand frais. On le sait, l’achat impulsif d’une gratte électrique se solde souvent par un abandon à moyen terme. Les exigences de l’apprentissage instrumental sont, il est vrai, nettement plus contraignantes qu’une pose rock’n’roll. Partant du postulat que pour beaucoup, le désir d’adopter une guitare relève autant de l’envie musicale que de l’attitude scénique – le phénomène de l’Air Guitar le confirme -, Guitar Hero et ses Fender factices se sont imposés dans le c£ur des joueurs hardcore. Et ont même séduit des allergiques du joystick en deux ans à peine. Mais appuyer en rythme sur des boutons et balancer une guitare plastoc en l’air pour taper des scores et épater la galerie sur consoles ne suffit plus. Succès commercial oblige, le concept devient multi-instrumental. Pas vraiment neuf comme l’atteste Konami, sauf que cette fois-ci, Web communautaire et création pure s’immiscent dans les plans des principaux développeurs.

Quitte à se prendre pour un rockeur, autant le faire entre amis en IRL (In Real Life) ou sur le Web. Harmonix, ex-auteur de Guitar Hero, l’a bien compris et sortait récemment Rock Band sous nos latitudes. En plus de la guitare, on retrouve donc un micro, une basse et une batterie connectés simultanément à la console de jeu. La jouabilité de base du titre ne change pas d’un riff face à son rival Guitar Hero. Le joueur s’évertue à appuyer en rythme sur une série de touches qui miment pincement et grattement de corde sur deux zones de la guitare à travers une trentaine de morceaux. Même topo pour les quatre pads et la pédale de la section rythmique qui prennent des allures de vraie batterie électronique. Le micro inspiré du célèbre Singstar de Sony détecte aussi si on chante en rythme. Mais pas si la voix sonne juste. Sabotage des Beastie Boys, Learn to Fly des Foo Fighters, Won’t Get Fooled Again des Who (et bien d’autres morceaux téléchargeables online): chacun suit sur écran sa partition simplifiée à l’extrême.

Inévitables, les plantages de l’un ou l’autre membre font resurgir la dimension communautaire du jeu. Dans le feu de l’action, en cas de manque d’inspiration du guitariste par exemple, le batteur peut enchaîner les solos de batterie, engendrer des points bonus et sauver son comparse. Colonne vertébrale du jeu à plusieurs, le Band World Tour retrace avec panache la vie d’un groupe. On personnalise son protagoniste, trouve un nom de formation et tourne de petites en grandes salles, à la pêche aux fans selon la qualité des prestations.

Guerre des gangs

Face à cette riposte musclée, Guitar Hero ne pouvait pas rester les bras croisés. Après Guitar Hero III et ses « boss battles » contre de vrais guitaristes Slash (Guns’n’Roses et Velvet Revolver) ou Tom Morello (Rage Against the Machine), le titre de Neversoft ajoutera également batterie et micro à son arsenal de base dans sa version World Tour. Peut-être inspirée par le groupe Guitar Zeros (www.theguitarzeros.com), qui a bidouillé les instruments plastiques cheap de Guitar Hero pour s’en servir comme de vrais synthétiseurs, pondre un EP et livrer de vrais concerts, cette suite permettra d’utiliser ses accessoires comme de vrais instruments. Le degré de liberté créa-trice n’est pas encore connu, mais il est certain qu’on pourra enregis- trer, peaufiner (via un studio 5 pistes inclus dans le jeu) et partager en ligne ses créations via GHTunes.

Enfin, la section rythmique de Guitar Hero: World Tour hausse le ton face à Rock Band. Désormais sans fil et avec deux cymbales supplémentaires, la batterie se pare de pads plus mous, silencieux et sensibles à la pression… pour pouvoir jouer tout en nuance. Une tendance vers plus de réalisme confirmée par Rock Band 2, qui sort ces jours-ci aux States. Konami suivant aussi cette voie avec son futur Rock Revolution. Un juste retour aux sources quoique tardif pour le développeur japonais.

Texte Michi-Hiro Tamaï

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