THE RIP TIDE EST DANS LES BACS DEPUIS 15 JOURS. L’AB AFFICHE SOLD-OUT DEPUIS DES PLOMBES. RASSÉRÉNÉ, ZACK CONDON SONNE LA RENTRÉE ET LE RETOUR TANT ATTENDU DE BEIRUT.

Il ne parvient pas à trouver sa marque de clopes préférée dans le centre de Bruxelles mais Zach Condon est tout sauf énervé et capricieux. Simple, amical, bavard, le leader de Beirut est une anti-star. Alors que The Rip Tide vient de sortir et qu’il s’apprête à remplir l’AB, le garçon se dévoile.

Quelles étaient vos intentions quand vous vous êtes mis à travailler sur ce nouvel album?

« Je m’étais réfugié au nord de l’Etat de New York et on était aux alentours des fêtes de fin d’année. Je m’étais donc déjà promis que je n’enregistrerais pas un album de folk hivernal avec des guitares paisibles et des voix qui murmurent. Moi, j’écris des chansons tristes quand il fait beau dehors. Et des morceaux chaleureux et plus joyeux quand j’ai de la neige jusqu’au cou… Au-delà de ça, je tenais à enregistrer un album plus direct, plus classiquement pop.  »

Plus autobiographique aussi?

« A l’adolescence, je ne me suis jamais senti intéressant. Je trouvais mes opinions et émotions frivoles, presque bêtes. Je me suis donc mis à inventer des histoires ou du moins à créer des personnages. Je ne trouvais pas ma vie ennuyeuse mais je n’arrivais pas à me décrire, à parler de moi… Je ne lis pas mon journal intime mais avec ce nouvel album, je me suis dit pour la première fois que j’allais me tourner vers quelque chose de plus autobiographique. Pendant toutes ces années d’expérimentation, ces flirts avec les Balkans et la chanson française, peu importe le poids de ces influences, il y avait à la base, je pense, quelque chose d’original et d’unique. J’ai voulu creuser jusqu’aux racines. Essayer de cristalliser ce son. Et si possible m’imposer la même démarche avec mes paroles.  »

Vous consacrez notamment un titre à Santa Fe. Les villes semblent vous obséder…

« Je suis pas mal retourné dans le coin ces derniers temps et j’ai réalisé le charme de cette cité dans laquelle j’ai grandi et avec laquelle je n’ai cessé de me battre. Santa Fe est une ville touristique. Et culturellement, elle est très native american et hispanique, avec beaucoup d’immigrants mexicains et latinos. J’ai longtemps eu le sentiment que cette ville où je vivais ne m’appartenait pas vraiment. Downtown, je n’étais pas chez moi. A l’école, je ne me sentais pas à la maison… C’était un peu étrange de grandir imprégné par ce sentiment d’isolement. Alors, j’ai fui. Fui relativement jeune. Dès l’âge de 17 ans. J’ai vraiment dû me battre pour m’éloigner et quitter mes parents. Pour les convaincre que je n’étais pas un idiot. Que ce système scolaire n’était pas fait pour moi. Aucun endroit n’est aussi romantique que le cinéma peut en donner l’image. Et malgré tout, j’aime ce rêve. Ces noms de villes qui évoquent une certaine poésie, même si ça n’a en réalité aucun sens. C’est ce qui explique que j’en ai utilisés pour mon groupe, mon label et pas mal de chansons… »

Comment gérez-vous votre carrière depuis votre burn-out de 2008?

« Je l’ai un peu réorganisée. Je prends déjà un jour de repos entre tous mes concerts. Pour reposer ma voix. Puis aussi histoire de souffler. J’ai par ailleurs décidé de ne pas rester loin de la maison plus de 2 semaines et demie. Je ne veux plus être sur la route pour des concerts pendant un mois. Je suis heureux de ce système que j’ai instauré il y a pratiquement 2 ans. Assez longtemps pour savoir que ça marche. Je connais plein de gens qui peuvent mener des tournées interminables et jouer tous les soirs sans que ça les mine. Je ne les comprends pas. Ce sont des machines. Je les admire. Je suis impressionné. Mais si je veux continuer, je dois envisager les choses autrement. La route à un moment devient ta vie. Tu te lèves, tu manges, tu soundcheckes, tu joues, tu bois, tu vas te coucher. Et tu te réveilles dans une autre ville où tu répètes le même programme le lendemain. Il devient difficile de fonctionner comme un être humain normal. Est d’ailleurs née en moi une espèce de lutte. Une lutte et une question fondamentale. Comment faire de la musique quand on a le sentiment d’avoir un immense trou dans sa vie? J’ai passé une année à tenter d’y répondre. Et en bien des aspects, cet album peut être considéré comme thérapeutique.  »

Beirut est devenu un phénomène. Quelle est l’histoire de Beirutando? Ces groupes qui reprennent votre répertoire au Brésil et qui ont organisé une journée en votre honneur?

« Je ne pensais pas que Beirut marcherait là-bas. Il existait des similarités entre nos musiques pendant les sixties et seventies. Mais ces dernières années, tout ce que j’avais entendu venant du Brésil était plutôt bruyant et agressif. Je me disais:  » J’adore le Brésilmais ils ne voudront jamais de moi. « Puis, nous avons donné une chanson pour une mini-série intitulée Capitu. Et dans la foulée, nous avons reçu des tonnes d’emails de gens de l’industrie:  » Qui êtes-vous? Que faites-vous? On vous veut ici tout de suite.  » Nous étions malheureusement très occupés. Ce sur quoi, j’imagine, ils ont dû se dire:  » Si c’est comme ça, jouons ces chansons nous-mêmes.  » Ce qui me semble être la plus chouette et intelligente approche dont j’ai jamais entendu parler. C’est bien mieux que de se morfondre, non? L’attitude est géniale. Et je trouve tout aussi formidable qu’ils aient utilisé ma musique dans ces espèces d’happenings sociaux. Ça ne serait jamais venu de moi. Je suis très privé comme mec. Mais je ne veux pas savoir pourquoi ma musique plaît à tant de monde. Je serais probablement tenté d’en tirer profit. Autant que ça reste un mystère. » l

THE RIP TIDE, DISTRIBUÉ PAR POMPEII RECORDS.

EN CONCERT À L’AB LE 14/9 (COMPLET).

ENTRETIEN JULIEN BROQUET

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