L’ACTRICE BRITANNIQUE JOUE LES VAMPIRES AVEC CHARME ET DÉTERMINATION DANS BYZANTIUM, LE NOUVEAU FILM DE NEIL JORDAN, PRÉSENTÉ EN OUVERTURE DU BIFFF.

Singlet rouge sur short Denim, et nez venu chahuter le ronron d’un patelin de la campagne anglaise: Gemma Arterton aura trouvé en Tamara Drewe, l’héroïne de Posy Simmonds portée à l’écran par Stephen Frears, le rôle emblématique de sa jeune carrière. De quoi ponctuer en beauté une année 2010 qui restera comme celle de la percée définitive de la comédienne anglaise, qui la vit encore se multiplier dans le cinéma indépendant britannique –The Disappearance of Alice Creed- comme dans divers blockbusters hollywoodiens, de Clash of the Titans à Prince of Persia.

Etre actrice, c’est aussi savoir se faire désirer. Et après avoir délaissé un temps les plateaux et la lumière, Arterton opère, ces jours-ci, un spectaculaire retour au premier plan. Elle avait à peine fini de jouer les chasseuses de sorcières dans Hansel & Gretel qu’elle incarne les vampires de charme dans Byzantium, le nouveau film de Neil Jordan, à découvrir en ouverture du Bifff. Cela, en attendant de la voir diriger, tout en fraîcheur, une chorale du troisième âge dans le Song for Marion de Paul Andrew Williams, où elle donne de la voix en compagnie de Vanessa Redgrave et Terence Stamp. Une actualité chargée qu’elle déflorait lors du festival de Marrakech, en décembre dernier, où elle se prêtait de bon gré au rôle de jurée: « C’est génial de découvrir des films que l’on ne verrait pas autrement, cela vous ouvre les yeux sur ce qui se fait ailleurs. » Propos qui, dans le chef de Gemma Arterton, ne sont pas que déclaration de circonstance, elle dont le désir de cinéma a été attisé par la vision du Dancer in the Dark, de Lars von Trier, et qui place Isabelle Huppert au faîte de son panthéon personnel.

On l’aura deviné, l’éclectisme tient de la seconde nature chez Arterton, disposition que sa filmographie traduit d’ailleurs éloquemment. Le grand écart ne lui fait décidément pas peur, qui vous raconte avoir tourné Song for Marion pour la qualité du scénario, mais aussi parce qu’elle aspirait à « quelque chose de différent et de sensiblement plus humain » au sortir de Hansel & Gretel. Non que cette expérience soit à passer aux pertes et profits. L’actrice confesse même s’y être épanouie comme jamais dans une production américaine au budget conséquent: « Sur mes films hollywoodiens précédents, je m’étais sentie exclue du processus, ce qui est quelque chose de très frustrant pour une actrice ayant, comme moi, été formée au théâtre. J’étais donc nerveuse avant d’en commencer le tournage, craignant d’être à nouveau aux mains de control freaks. Mais pas du tout, c’était très cool, et les relations étaient harmonieuses. » Une part du mérite en revient au réalisateur norvégien Tommy Wirkola, auteur de la série Hellfjord, dont c’était là la première incursion anglo-saxonne: « Il n’avait jamais fait de film de ce calibre, et il a veillé à impliquer tout le monde, tout en affirmant un point de vue fort. Il avait écrit le film, et il se sentait dépositaire de cette histoire. C’est nécessaire: j’ai vu trop souvent des réalisateurs tourner des films différents de ceux dont ils avaient l’intention. Et c’est néfaste pour tout le monde, parce que personne ne s’y retrouve au bout du compte. »

Autre réalisateur à la forte personnalité, Neil Jordan l’aura pour sa part invitée à se réinventer sous les traits d’une vampire dans son Byzantium. Gemma Arterton y paie largement de sa personne, composant un personnage dont la fibre maternelle trouve une expression on ne peut plus singulière. « Neil Jordan a la réputation d’être difficile, mais pour ma part, je pourrais travailler avec lui tous les jours, s’enflamme-t-elle. Je suis une actrice assez physique, et ce film m’a valu de faire des choses étonnantes. Neil a en outre un sens visuel aiguisé: ce sont les images qui le portent, et il y a des prises magnifiques dans ce film. Je lui serai éternellement reconnaissante d’avoir pu en être: j’ai savouré chaque minute de ce tournage. » Que Clara, son personnage, présente un profil féministe à sa façon n’était certes pas pour déplaire à la comédienne de Tamara Drewe, peu encline à se laisser enfermer dans les stéréotypes cinématographiques féminins: « C’est une dimension à laquelle je suis sensible, tout en étant lucide quant au fait de devoir gagner ma vie dans ce milieu. Mais j’en suis consciente, et cela m’ennuie d’incarner un personnage apparaissant comme faible à l’autopsie. » En quoi on ne l’a guère prise en défaut…

RENCONTRE JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À MARRAKECHJ.F. PL.J.F. PL.

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