Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

L’Ouest, dans les étoiles – L’imagerie grandiose du nouveau film de James Cameron compense un scénario fluet et offre un spectacle visuellement superbe, sur fond de western et de science-fiction.

De James Cameron. Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver. 2 h 41. Sortie: 16/12.

Au milieu du XXIIe siècle, des troupes américaines sont toujours en mission dans des régions à la fois hostiles et riches en ressources. Ce n’est plus l’Irak, ni même le… Venezuela (une ligne de dialogue suggère qu’une intervention y a eu lieu), mais Pandora, une lointaine planète dont le sous-sol regorge d’un précieux minerai. C’est là que débarque Jake Sully, jeune « marine » paraplégique dont le corps n’est plus apte au combat, mais dont la présence au front s’explique par ses gènes. Il va en effet remplacer son frère décédé, lequel devait commander un avatar, un double de lui-même capable de respirer dans une atmosphère toxique aux humains, et adoptant les caractéristiques physiques de la population locale. L’avatar ayant été conçu pour une symbiose génétique avec son « pilote », l’ADN quasi identique à celui de son frangin va permettre à Jake de le diriger. C’est ainsi depuis un caisson protégé, et sous l’apparence d’un géant humanoïde, que le jeune militaire va faire ses premiers pas dans la jungle de Pandora. Sa mission est d’observer les indigènes, d’opérer le contact avec eux, dans le cadre d’une mission scientifique… qui se révélera vite un alibi à une plus que probable attaque armée pour déloger les Na’vi de leurs terres sacrées…

Feu d’artifice

On ne fera pas trop grand cas du parallèle assez pesamment opéré par le film entre futur et présent, l’un comme l’autre voyant les Etats-Unis envoyer des troupes dans certaines régions prodigues en sources d’énergie fossile. Il suffit de l’élargir à la thématique du conflit entre une société en expansion et une culture locale y résistant avec des moyens inégaux pour retrouver la vraie source d’ Avatar. Même s’il s’affiche en film de science-fiction (avec la présence tutélaire de Sigourney Weaver, qui intégra l’univers du réalisateur dans Aliens), c’est du western que vient le nouveau film de Cameron, et singulièrement d’histoires comme celle de John Smith et Pocahontas. Histoires de batailles, de choc des cultures mais aussi de contacts, d’échange et même d’amour métissé. La comparaison avec The New World de Terrence Malick relève de l’évidence, sinon que l’un des deux cinéastes avance en poète, et l’autre en maître du divertissement. Et de maîtrise, James Cameron n’en manque pas! Par-delà un récit prévisible, ne réservant guère de surprise dramatique, Avatar offre un spectacle d’une stupéfiante beauté formelle, utilisant les décors en images de synthèse avec une force évocatrice égalant souvent celle atteinte par Peter Jackson dans sa trilogie Lord Of The Rings. La 3D est utilisée sans ostentation, avec très peu d’effets brutaux mais dans une approche globale et accueillante au regard, qui réussit à nous immerger sensuellement dans la texture visuelle d’une manière totalement inédite. Une fois de plus, face à un film de Cameron, on se dit qu’on a déjà vu à peu près tout ce qui s’y trouve ailleurs, mais jamais « comme ça ». La marque du cinéaste sur l’histoire du cinéma ne se résumera pas à des questions de box-office. Elle sera celle d’un pionnier de la technologie, usant du dernier cri de celle-ci avec un sens du spectacle digne des grands artificiers de l’âge d’or hollywoodien.

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Louis Danvers

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