Major Deluxe confirme son amour pour le voyage et la musique des grands espaces. Son deuxième album, Something ends here, l’inscrit dans la durée.

Major Deluxe a toujours pris son temps. Celui de bien faire les choses. Il lui avait fallu 4 ans pour dégainer Skyline Society. Un premier disque remarquable évoquant les grands espaces et ces extraordinaires épopées que sont les bons vieux westerns. Sébastien Carbonnelle et sa bande avaient ensuite passé 2 longues années à défendre leur projet sur scène. A le faire vivre. Ou tout simplement connaître.

« Il est difficile d’imposer un nom, relève l’auteur compositeur. A fortiori quand on passe rarement en radio. Nous avons beaucoup tourné afin d’adapter notre musique au live. De la libérer de ce que nous avions enregistré en studio. Des gens nous disent encore aujourd’hui qu’ils viennent de découvrir notre premier album. »

Un album sorti en Thaïlande au printemps. Au moment où Major Deluxe dévoilait son successeur en Belgique.  » Une tournée en Asie? La situation politique n’est pas simple. La population souffre énormément de la crise économique. Ce n’est guère à l’ordre du jour. »

Pour l’instant, les orfèvres de la pop orchestrale made in Belgium s’attèlent surtout à défendre Something ends here de par chez nous. Sachant que la presse néerlandophone n’y fait pas ou peu écho ( « on a juste eu une critique dans un maga avec des femmes à poil ») et que les petits distributeurs en France disparaissent les uns après les autres, retardant une sortie sur le marché hexagonal.

Voyage intérieur

 » Quand une chose se termine, une autre commence. C’est plus qu’une lapalissade. C’est ce que nous vivons au quotidien. Nous finissons toujours par rebondir. Chez nous, la notion de temps influence fortement la création. Nous voulons une musique qui résiste à son épreuve et nous composons des morceaux, souvent longs, sur lesquels on peut suivre les instruments du début à la fin. Il y a chez Major Deluxe une notion de voyage, de déroulement, de narrativité. »

Avant, ces mélomanes avertis ne nous faisaient embarquer que pour de longues croisières de 5 minutes au moins. Aujourd’hui, ils nous invitent plutôt à des city trips. Le séjour est toujours aussi agréable. Le paysage aussi joli. « La musique n’est pas quelque chose d’anodin. Ce qu’elle m’offre, j’en ai besoin. Personnellement, j’ai énormément voyagé en sa compagnie. Intérieurement. Psychiquement. Que ce soit avec Ennio Morricone, Pink Floyd ou le Melody Nelson de Gainsbourg. Si nous avons vraiment pensé quelque chose, c’est le côté cinématographique, psychédélique du groupe. Et le psychédélisme, c’est en quelque sorte le voyage de l’esprit. »

Guide local plus que tour operator, Major Deluxe nous fait découvrir des recoins insoupçonnés. « Nous aimons les détails. Je ne nous comparerai jamais aux Beatles mais j’ai écoutéAbbey Road 600 fois et je le redécouvre encore aujourd’hui. Nous essayons de jouer sur la richesse, les nuances. D’apporter de petites touches subtiles. Mais nous voulions éviter pour ce deuxième album de nous perdre dans les dédales de l’enregistrement. Nous avons réalisé qu’une formule à 5 (guitare, basse, batterie, piano, trompette) pouvait très bien tenir la route. On ne voulait pas garnir pour le plaisir. On devait pouvoir soustraire si on le voulait. Et pas nécessairement ajouter. »

Pleinement apprécier Major Deluxe demande qu’on s’y attarde. Et c’est loin d’être évident en cette époque où on télécharge aussi vite qu’on efface. Cette ère de l’immédiateté où les auditeurs accordent de moins en moins de crédit aux disques. Célébrant le culte du single saisonnier. « Un disque, c’est cohérent. Ca possède un début et une fin. Moi, en général, j’écoute les albums d’une traite mais chacun y trouve ce qu’il veut. La musique reste avant tout une question de partage. Entre ceux qui la font et ceux qui l’écoutent. »

Outre l’immensément talentueux Jesse Vernon, plus connu sous le nom de Morning Star, Major Deluxe a fait monter à bord une vingtaine de musiciens: Gaël Bertrand de Flexa Lyndo, Catherine De Biasio de Mièle, Joe Watson de Stereolab ou encore le guitariste Sébastien Delhaye…  » Dès que j’écris un morceau à la guitare, j’entends un orchestre derrière. La flûte, les cordes, le trombone se mettent en route et me trottent dans la tête. Mais ils ne correspondent jamais à ce qui aboutit sur le disque. Je ne sais pas écrire la musique. Et je la conçois avant tout comme une aventure humaine. Chacun met son petit grain de sel. » A l’occasion aussi dans les textes. « Je vis à la campagne. La nature, c’est ma vie. Mais j’en parle peu dans ce que j’écris. Une amie (Barbara Cuglietta) a écrit The Birdwatcher , le seul morceau qui traite directement du sujet. »

Major Deluxe n’est pas à un paradoxe près. « Je suis plutôt quelqu’un d’optimiste. Ce qui peut sembler difficile à percevoir en écoutant nos chansons. A vrai dire, je me retrouve beaucoup dans la mélancolie. Quelque part entre le bonheur et la tristesse.  » Something ends here n’en rend pas moins heureux.

Something ends here, chez Top 5 Records.

En concert le 7/8 au Théâtre de Namur ( Doux Vendredis d’Août), le 12/9 à Couvin ( Natura Rock Festival), le 26/9 à Grivegnée ( Festival des découvertes), le 3/10 à Silenrieux ( Rock’Heure Festival) et le 30/10 à

Charleroi ( Eden).

Texte Julien Broquet

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