Aurel Zola

Danseur, chorégraphe, prof, entrepreneur, mais créatif avant tout.

Pour Aurel Zola, la danse a été une vocation relativement tardive, mais qui l’a mené loin, à partager la scène avec les grandes stars US. Aujourd’hui, il veut créer des ponts entre l’entertainement et la Culture avec un grand C.

En septembre dernier, les Golden Afro Artistic Awards, organisés au Théâtre National, mettaient en lumière, aux côtés notamment des comédiennes Bwanga Pilipili et Nancy Nkusi, de la styliste Siré Kaba ou encore du percussionniste Angelo Moustapha, le jeune danseur d’origine congolaise Aurel Zola, à qui Beyoncé herself a ouvert les portes d’une carrière internationale.

Le Bruxellois a d’abord usé ses pompes sur les terrains de basket, avant de découvrir à 17 ans, presque par hasard, le breakdance.  » À Berchem-Sainte-Agathe, j’avais des amis du quartier qui dansaient beaucoup, raconte-t-il. Ils faisaient du b-boying et je suis tombé amoureux de cette danse. Contrairement au basket, il n’y avait pas de jugement, pas de compétition entre les gens. Presque tous les jours après l’école, on allait s’entraîner, dans un garage de la mère d’un ami. Quand quelqu’un maîtrisait un mouvement, il l’apprenait aux autres. On sortait beaucoup, on dansait en soirée. On faisait des cercles et on s’amusait. »

Petit à petit, Aurel Zola comprend que « son truc à lui » n’est pas tant la danse au sol typique du breakdance, mais plutôt la danse debout. En particulier le popping, aussi appelé smurf, ce style à l’origine funky où la contraction et la décontraction des muscles donnent aux danseurs des airs de robots aux gestes saccadés ou de méduses complètement fluides. Il rentre alors au NSJ, le New Studio Jam à Berchem.  » Mes parents ne voulaient pas me payer de cours. Donc je travaillais sur le côté, je mettais des flyers dans les boîtes aux lettres pour me payer un cours par semaine. » Repéré par un crew, il enchaîne les entraînements à la Gare du Nord, les shows et les concours. Jusqu’à décider à 23 ans, contre l’avis de son père, d’arrêter ses études en commerce extérieur, pour devenir danseur à plein temps.  » Aujourd’hui, avec le recul, je comprends pourquoi mon père n’était pas d’accord avec ce choix. Les études, la connaissance, c’était la seule arme que mes parents avaient. Pour eux, il était évident qu’il fallait que je sois diplômé et que j’aie un boulot stable. »

Étoiles et racines

Aurel Zola passe à la vitesse supérieure grâce à un casting à Berlin. Parmi des dizaines de candidats, il est choisi pour accompagner Beyoncé pour sa prestation aux MTV Europe Music Awards en 2009. Dans la foulée, il se dégote un agent à Londres, Aicha McKenzie, fondatrice de AMCK Dance.  » Après ça, Aicha m’a mis sur tous les jobs, souvent du direct booking , sans audition. Un jour, je débarquais à Budapest pour une tournée de stages quand elle m’appelé pour je vienne tout de suite à Londres: c’était pour danser avec Rihanna, dans le show télé Britain’s Got Talent . Puis j’ai tourné avec elle en Europe pendant deux mois. Une très belle expérience. C’était la première fois que j’étais aussi proche d’une artiste. »

The Black Eyes Peas, David Guetta, Ariana Grande, Ekon… Aurel Zola travaille comme danseur et chorégraphe avec les plus grands. Mais si la danse lui permet de côtoyer les étoiles, elle le reconnecte aussi à ses racines. Il est ainsi invité à passer six mois à Kinshasa pour participer en tant que jury et coach à l’émission Vodacom Kata Dance, sur un concept proche de la Star Ac’. C’est la première fois qu’il va en RDC. Il sera ensuite coach sur la première édition de Vodacom Superstar, en 2010, remporté par le tout jeune chanteur Innoss’B.

En Belgique, il collabore avec Baloji et Pitcho Womba Konga, qui le branche sur le festival Congolisation, organisé par le KVS. Dans ce cadre, en janvier 2020, il est amené à mettre sur pied une performance dansée au sein de l’AfricaMuseum à Tervueren, avec sa propre compagnie, Revolutionary, qu’il a fondée avec son complice Max De Boeck et qui s’est distinguée en télé dans La France a un incroyable talent, en particulier avec une choré teintée de krump sur Quand c’est?, la chanson de Stromae sur le cancer. Lors de l’édition suivante de Congolisation, Aurel Zola présente avec Max A Black Man Art, un duo chorégraphié par Alexandra Seutin (vue au KVS dans l’explosif Dear Winnie).

Aujourd’hui, entre l’entertainment et la culture « institutionnelle », il ne veut pas choisir, mais créer des passerelles.  » Je n’ai pas de préférence, pour moi les deux sont aussi puissants. Mais la sensibilité de la danse n’est pas la même. Dans l’entertainement, les danseurs sont placés en fond, ils participent au divertissement. Alors que dans la culture, les danseurs sont les artistes, ce sont eux les stars. Le danseur peut être lui-même, il ne doit pas correspondre à l’image de quelqu’un d’autre, il peut raconter sa propre histoire. »

Danseur, chorégraphe et enseignant, Aurel Zola est aussi entrepreneur. Visiblement, ses années à l’école de commerce n’ont pas été tout à fait vaines. À 31 ans, il a créé Velocom, un concept de street marketing faisant circuler de grands panneaux d’affichage sur des vélos, pour de la promotion locale.  » C’est un nouveau support de communication. Au début c’était moi qui roulais. Aujourd’hui, j’ai 18 vélos, à Anvers, Hasselt, Liège, Bruxelles… » Une marque de lunettes, un vélo-crêperie, une carte de visite digitale… Rien à voir avec la danse?  » A priori non, mais ça a à voir avec ma créativité. » Une créativité tous terrains, en somme, insatiable.

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