Athos le forestier

« Je n’ai jamais ressenti avec autant d’intensité le besoin de me retrouver dans la forêt qu’aussitôt après ma mort. (…) Nous avons été treize survivants des représailles hitlériennes de 1943 à Kalávryta. » Refusant de continuer à vivre parmi ses concitoyens, Athos le forestier se cache dans une cabane. Sa femme Marianthi et sa fille Margarita quittent la ville. Quarante ans plus tard, Lefki, fille de Margarita, prend des notes sur le survivant, tente de témoigner à sa place. Récupérant le manuscrit abandonné, c’est ensuite la jeune Iokasti, quatrième génération après la guerre, qui éprouve le mystère Athos. Guerre, Histoire, nature: dans ce premier roman où s’enchâssent les récits, Maria Stefanopoulou scrute la captivité aberrante qui menace tous les équilibres. Sondant les représailles de la Wehrmacht durant l’occupation allemande en Grèce et la guerre civile qui a suivi, c’est un récit rocailleux et mélancolique sur le travail de deuil collectif. Au bord du précipice, sur un champ de cendres, une réflexion sur l’expérience intérieure entre la poudre et le sang: comment donner un sens rationnel aux vies dévastées, distinguer le sacrifice du crime, l’héroïsme de la soumission aveugle? Quand l’harmonie s’en est allée, dans un monde sans spiritualité, désaccordé, à quelle liberté rêvons-nous?

De Maria Stefanopoulou, éditions Cambourakis, traduit du grec par René Bouchet, 280 pages.

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