44 ans au compteur, dont 24 sur les plateaux: Jeremy Piven explose enfin avec Entourage, série dans laquelle il incarne avec un appétit carnassier l’agent des stars Ari Gold. Il n’est jamais trop tard…

Un rapide coup d’£il sur YouTube vaut parfois mieux qu’un long discours (mots-clés: « Jeremy Piven Seinfeld »). En 1993, Jeremy Piven apparaissait dans la fameuse série Seinfeld en aspirant acteur censé incarner ce bon George Costanza à l’écran dans un show  » about nothing  » scénarisé par George et Jerry. La scène dure en tout et pour tout 45 secondes. Piven y est impeccable, mais son personnage sera recalé du casting en moins de temps qu’il n’en faut pour le faire disparaître dans un grossier fondu enchaîné. Si l’on aime les raccourcis, voilà qui résume bien les 20 premières années de la carrière de Jeremy Piven: de The Player d’Altman à Black Hawk Down de Ridley Scott en passant par des films comme Singles , Very Bad Things ou même Heat , Piven est bon, joue dans des productions remarquées mais semble condamné à incarner les seconds rôles, quand il ne fait pas tout simplement partie du décor.

Et puis vint Entourage , série HBO qui, à travers la figure d’un jeune premier – Vincent Chase – débarqué à L.A. en compagnie de ses potes, dépeint, dans un concentré nerveux d’humour caustique, aussi bien l’envers que l’endroit du rêve doré hollywoodien. Piven y est Ari Gold, agent des stars prenant Vince sous son aile et caractérisé par une personnalité haute en couleurs. Ari, en effet, est du genre hyperactif, vulgaire, fourbe, colérique, braque, excessif et… juif. En un mot comme en cent: irrésistible. Et décoche des répliques cultes comme d’autres des considérations d’ordre météorologique.

Un rôle qui lui a déjà valu trois Emmy et un Golden Globe mais qui ne payait pourtant à priori pas de mine, lui non plus, et pour lequel il faillit d’ailleurs ne jamais auditionner:  » Quand il a entendu parler d’ Entourage , mon agent m’a dit: vas-y, il y a le rôle d’un agent qui pourrait te convenir. Bien sûr, je savais que je pouvais jouer ce rôle. Le personnage d’Ari Gold était clairement inspiré d’Ari Emanuel qui lui-même était mon agent et je voyais bien d’où venait l’idée du show: Vincent Chase était inspiré de Mark Wahlberg dont l’agent – le même que le mien – s’appelait Ari, l’assistant, E, et l’entraîneur, Drama, peu ou prou comme dans la série donc! Mais ce Ari s’annonçait comme un des personnages les moins centraux du show. A ce stade de ma carrière, j’avais déjà joué dans une quarantaine de films au cinéma. Ma première réaction a donc été: qu’est que je pourrais bien aller foutre à l’audition d’un second couteau d’une série télé? « , lâche-t-il dans un de ces sourires carnassiers dont il a le secret.

Une famille en or

La suite de l’histoire, on la connaît: un agent suffisamment insistant, un petit coup de pouce du destin… et surtout du flair.  » A vrai dire, il n’y avait rien de planifié au début d’ Entourage sur la manière dont le show allait évoluer. La seule chose qui était certaine c’est que la série allait se focaliser sur Vincent Chase et ceux qui gravitent autour de lui. On m’avait d’emblée averti que je n’aurais qu’une voire deux scènes par épisode au départ, point barre. Mais j’ai pensé que le personnage pourrait évoluer, prendre plus d’importance au fil du temps. Et je crois en effet que les gens se sont vraiment attachés à Ari. Une des forces de Doug Ellin, le créateur du show, c’est cette capacité à modifier la trajectoire d’une saison entière à partir d’un personnage qui fonctionne bien à un moment donné.  »

Résultat des courses: la véritable star d’ Entourage aujourd’hui, c’est bien lui, tandis qu’il trouvait récemment avec The Goods son premier rôle principal dans un film de studio. Une consécration, à tout le moins, que l’intéressé ne peut s’empêcher de savourer avec un sentiment de justice rendue.  » Mon père a travaillé tellement dur toute sa vie comme acteur. Et il n’a jamais été reconnu pour ça. Ma mère était une brillante actrice également. Mais ils ont sacrifié leurs carrières respectives pour nous nourrir et nous élever. Ils n’ont pas été à Hollywood tenter leur chance, mais ils m’ont donné les moyens de le faire. Alors, oui, aujourd’hui j’ai l’impression qu’il y a une sorte de justice à ce que je sois enfin reconnu.  » Sans compter que son parcours n’a définitivement rien d’une trajectoire filante imaginée par un scénariste d’ Entourage .  » Ma carrière a emprunté des voies finalement très classiques. Je n’ai jamais eu un rôle parce que j’avais parlé à quelqu’un en allant au Temple ou parce que je l’avais rencontré à une fête, contrairement à ce qui se passe dans la série. Vous savez, à Hollywood, ce genre de choses arrivent, vraiment. Mais pas à moi. Pourtant, ça ne me dérangerait pas de rencontrer Steven Spielberg en allant au Temple. Sans doute que je ne vais pas au bon Temple. Sérieux, mec, il faudrait que j’aille au même Temple que lui (rires) .  »

La saison 5 d’ Entourage sort en DVD le 4/11 chez Warner .

Entourage – saison 5 , une série HBO créée par Doug Ellin . Avec Adrian

Grenier , Kevin Connolly , Jeremy Piven . Dist: Warner .

Rencontre Nicolas Clément, à Londres.

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