Si elle s’est fait plus rare sur grand écran, accaparée qu’elle est notamment par ses prestations dans Urgences, Angela Bassett n’a pas renoncé pour autant à y laisser opérer, à l’occasion, son mélange d’autorité naturelle et de charme, en un cocktail irradiant la pellicule. Et même au-delà, comme lorsqu’elle reçoit, en toute simplicité, quelques journalistes dans la suite d’un hôtel de la Potsdamer Platz. Le déplacement de la Berlinale, elle l’a fait pour parler, d’une voix qu’elle a basse et légèrement traînante, de Notorious, le film de George Tillman Jr, où elle campe, avec un bel aplomb, Voletta Wallace, la mère du légendaire rappeur Notorious B.I.G. Un rôle taillé sur mesure pour une actrice que l’on pourrait croire vouée aux biopics: Betty Shabbaz, la veuve du militant noir dans le Malcolm X de Spike Lee, et Tina Turner, dans What’s Got Love to Do With It de Brian Gibson, n’ont-elles pas pavé sa voie vers la renommée?

Story teller

« Interpréter Voletta Davis impliquait à mes yeux une responsabilité particulière, confie-t-elle. Voilà une femme à qui on a enlevé son fils, il n’y a là rien de frivole. Au-delà de la douleur, j’ai toutefois découvert une autre de ses facettes: c’est quelqu’un qui a énormément de foi et de vitalité, et dont émane beaucoup de lumière. On ne croirait pas cela possible dans de telles circonstances, mais c’est pourtant le cas – ce fut une leçon pour moi, et je crois que cela peut être une source d’inspiration pour tout le monde. » Tout sauf des paroles en l’air, dans le chef d’une comédienne ayant placé la générosité au c£ur de sa démarche. « Je n’aime rien tant, dans mon métier, que le fait de raconter des histoires, poursuit-elle. Et surtout que les gens puissent y puiser quelque chose de nature à nourrir leurs pensées, voire à changer leur existence. Rien ne m’a apporté plus de satisfaction que tourner What’s Love et entendre des gens me dire ensuite: « Cette histoire, c’était la mienne, et voir ce film m’a donné la force de sortir de cette situation. » Qu’un film puisse avoir un tel impact, voilà ce qui me plaît », ponctue l’inoubliable interprète de Strange Days, en une forme de profession de foi.

Autre motif de satisfaction, non moins légitime: avoir vu, en 20 ans de métier – ses débuts au cinéma remontent au Boyz n the Hood, de John Singleton -, la situation des acteurs afro-américains évoluer sensiblement dans le paysage cinématographique: « Il y a toujours eu une part de défi et de frustration, mais les choses se sont améliorées. Lorsque j’ai débuté, obtenir des rôles n’avait rien d’évident. Mais j’ai néanmoins osé tenter ma chance. Cela a changé, et c’est fort bien. Aujourd’hui, je me retrouve beaucoup plus dans les films, qui sont aussi davantage représentatifs du métissage du monde. Je peux désormais compter les films où il n’y a personne qui me ressemble, et il s’agit en général d’un film de Woody Allen… (rires) Et cela en plein Manhattan! A se demander comment il procède pour qu’il n’y ait pas le moindre noir. Peut-être tourne-t-il dans son appartement? » (rires) Et de prendre congé, d’excellente humeur…

J.F. PL.

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