Allez hop, du balai! Exit les parasites qui encombrent les listes boursouflées d' »amis » sur Facebook, Twitter et autres bistrots virtuels. La chasse aux pots de colle est ouverte! C’est le nouveau jeu (de massacre) en vogue chez les accros des réseaux sociaux. Après avoir jeté leurs filets dans les eaux poissonneuses du Web et remonté un maximum de contacts, voilà qu’ils balancent le menu fretin par-dessus bord… Un génocide affectif se joue sous nos fenêtres Windows. Car le moral des bannis, renvoyés sans ménagement à l’anonymat des grandes plaines désertiques en ligne, risque d’en prendre un coup. Pokés dans un élan fraternel à une époque pas si lointaine, ces vagues connaissances ne sont plus les bienvenues à nos tables de conversation. Où elles ne faisaient de toute façon pour la plupart que de la figuration. C’est que l’amitié, ça se mérite. En période de vache grasse, peu importe qu’un inconnu se fasse mousser socialement sur notre dos, mais en période de crise, on aime savoir sur qui compter. Au diable la charité, on resserre les rangs. Bye bye donc tous ceux qu’on a acceptés: 1) au retour d’une soirée trop arrosée, 2) pour faire gonfler artificiellement son compteur, 3) pour ne pas froisser un collègue, 4) par pitié, 5) parce qu’on pensait sincèrement et naïvement qu’on avait des choses à échanger avec une personne croisée furtivement, un peu comme on s’échange les adresses et les promesses d’ivrogne à la fin des vacances avec ces amis par intérim qu’on ne reverra évidemment plus jamais. Les Anglo-Saxons, toujours prompts à rebondir sur la balle linguistique, ont déjà dégainé un terme, incorporé aussi sec dans le dictionnaire Oxford, pour désigner cet écrémage social: « Unfriend ». Au-delà de l’anecdote qui ne changera pas le cours de l’Histoire, on peut quand même y voir une forme de reprise en main du réel sur le mirage virtuel. Car l’air de rien, cette cure d’amaigrissement du carnet d’adresses est dictée par les règles élémentaires du copinage telles qu’elles s’énoncent, se vivent et s’articulent dans la vie de tous les jours. Autrement dit, une fois le coup de plumeau passé sur le buffet, il ne restera plus que les « vrais » confidents, ceux que l’on voit avec plaisir autour d’un verre pour partager la chaleur de souvenirs communs. Adieu le rêve d’une grande chaîne de l’amitié numérique! Un petit truc pour aider les retardataires à faire le ménage, posez-vous la question suivante: êtes-vous prêt à faire un cadeau à ce « proche »? Oui? Vous gardez précieusement et vous allez directement à la page 10 pour faire vos emplettes. Non? Vous jetez sans arrière-pensée! Dites-vous que ça vous évitera les commentaires mielleux sur le petit dernier, les photos grotesques, les invitations intempestives à la moindre fête de quartier, les pubs déguisées, etc. Après tout, qui peut le plus peut le moins…

Par Laurent Raphaël

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