DE STÉPHANE MALFETTES, ÉDITIONS ZONES SENSIBLES, 243 PAGES.

Le rock est mort. Date du décès? 1956- The Death of Rock, chantent Maddox Brothers & Rose, alors qu’Elvis sort son premier album pour RCA. A moins que ce ne soit un peu plus tard, quand les Stones se mettent au disco (Miss You, 1978); ou que le Should I Stay or Should I Go des Clash devient une musique pour vendre des jeans (1991). Toujours pas convaincu? Il suffit de lire plus avant dans ce même numéro l’interview du philosophe Pacôme Thiellement. Ou de se plonger dans American Rock Trip. Stéphane Maflettes y effectue une tournée des principaux musées américains dédiés au rock.

Le Français connaît son sujet: il travaille habituellement pour le musée du Louvre. Mais pour « y organiser du spectacle vivant », précise-t-il sur son blog. L’an dernier, il s’est donc embarqué dans un long périple à travers l’Amérique. Douze mille km parcourus et une cinquantaine de lieux visités, tous dédiés à la mémoire du rock.

Le récent Retromania de Simon Reynolds le démontrait par a plus b: la culture pop n’en finit plus de ressasser son passé, obsédée par son histoire proche. Ces dernières années, sa muséification s’est ainsi accélérée. Stéphane Malfettes a donc eu du pain sur la planche et n’a pas hésité à « mouiller le maillot ». Au programme de son road trip, des endroits prestigieux comme l’Experience Music Project de Seattle (dessiné par Frank Gerhy) ou des classiques comme Graceland ou le musée Motown à Detroit. Mais aussi des lieux souvent paumés, comme le coin reproduisant la chambre d’ado de Britney Spears dans le « musée de l’histoire de la ville » de Kentwood, bled d’origine de la blonde chanteuse. Ou le récit de sa rencontre, inquiétante, avec Paul MacLeod, fan un peu dérangé du King. Découpé en une trentaine de chapitres courts, American Rock Trip n’est donc pas un guide systématique et pratique des musées du rock. Comme son titre l’indique, il s’agit plutôt d’une plongée subjective, souvent fort drôle. Un regard particulier sur l’Amérique, vu par la petite lorgnette du rock, où celui-ci n’est plus synonyme d’éructation juvénile ou de rébellion, mais est devenu un artefact culturel comme un autre. Avec ses monuments, ses reliques, ses gris-gris kitsch. Suivez le guide…

L.H.

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