PÉRIODE FERTILE, MÊME SI INÉGALEMENT INSPIRÉE, POUR LE CINÉMA D’ESPIONNAGE. DOUBLE ILLUSTRATION AU RAYON BLU-RAY.

The Man from U.N.C.L.E.

DE GUY RITCHIE. AVEC HENRY CAVILL, ARMIE HAMMER, ALICIA VIKANDER.

1 H 56. DIST: WARNER.

6

Hitman: Agent 47

D’ALEKSANDER BACH. AVEC RUPERT FRIEND, HANNAH WARE, ZACHARY QUINTO. 1 H 36. DIST: FOX.

4

2015, nid d’espions? Marquée par la sortie de Spectre, 24e aventure cinématographique du matricule 007 sous bannière Eon Productions, l’année cinéma écoulée aura indéniablement été placée sous le signe de l’espionnage, que le genre soit investi de manière littérale (Mission: Impossible 5 de Christopher McQuarrie, Bridge of Spies de Steven Spielberg) ou davantage parodique (Kingsman de Matthew Vaughn, Spy de Paul Feig). Au confluent des deux options, The Man from U.N.C.L.E., adaptation de la série NBC des années 60, repose entièrement sur la collaboration forcée, en pleine Guerre Froide, entre un scélérat reconverti en agent de la CIA (Henry Cavill, le Clark Kent de Man of Steel) et un agent du KGB particulièrement sourcilleux (Armie Hammer, le John Reid de The Lone Ranger) afin de lutter au mieux contre une dangereuse organisation criminelle internationale. Bientôt assisté par la fille au charme insolent et au solide caractère (Alicia Vikander, lire son portrait page 4) d’un scientifique allemand porté disparu, l’improbable tandem se lance dans une course effrénée contre la montre pour éviter le pire, sans jamais oublier pour autant de multiplier blagues et cascades en toute décontraction.

L’orgueil puéril qui semble animer chacun des personnages est à force un tantinet éreintant, le film se montrant singulièrement insistant dans son jeu sur les antagonismes américano-russes, et les fiertés nationales au sens large. En sous-Tarantino certifié, Guy Ritchie (Lock, Stock and Two Smoking Barrels, Snatch) gave l’ensemble de musique swag, et sacrifie trop souvent à une mise en scène très tape-à-l’oeil -la poursuite finale n’est pas loin d’évoquer un spot publicitaire pour une mauvaise eau de Cologne. Mais le divertissement allie aussi avec une certaine classe vintage humour, action et séduction.

Classiques et largement autosatisfaits, les suppléments Blu-ray n’en sont pas moins fouillés et joyeusement raccords avec la coolitude revendiquée d’un film dont ils dévoilent en détail les divers trucs et astuces, mettant notamment l’accent sur le soin maniaque apporté à la reconstitution chic de sixties modeuses.

Grossièrement inspiré de la franchise à succès de jeux vidéo d’infiltration, Hitman: Agent 47 propose pour sa part un thriller d’espionnage baroque au sérieux papal où le ballet chorégraphié des corps en action supplante toute velléité un tant soit peu scénaristique. Soit du gros boum-boum bas du front aux fantasmes high-tech impliquant un espion tueur dépourvu d’affect, et donc peu enclin à la galéjade. Parmi la poignée de bonus Blu-ray, un « compteur de coups » situe assez bien le niveau et l’enjeu de cette bourrinade décomplexée.

NICOLAS CLÉMENT

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