A Very English Scandal

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La passion éprouvée par la fiction anglaise pour le scandale politique trouve dans cette série, où brille un Hugh Grant décidément en pleine grâce, une nouvelle et jouissive manifestation. Les faits sont réels. Au milieu des années 60, Jeremy Thorpe (Hugh Grant), leader du Parti libéral et membre du Parlement, entretient une relation secrète avec un certain Normal Scott (Ben Whishaw), jeune homme hypersensible qui se destine à une carrière de mannequin. Dans un pays où l’homosexualité est encore un crime, Thorpe doit dissimuler sa liaison, coûte que coûte. Les trois épisodes racontent, à travers une mise en scène virtuose signée Stephen Frears, scandée par des flash-backs à tiroirs, une segmentation dynamique du récit et des dialogues savoureux, l’éclosion progressive de ce scandale so british jusqu’au procès retentissant, en 1979, au cours duquel Thorpe devra répondre d’une tentative d’assassinat sur son amant. Hugh Grant est sombre, spirituel, troublant, et Whishaw d’une désarmante délicatesse. Le maelstrom émotionnel et le jeu de domino cascade dans lequel nous entraîne la série embrassent 20 années d’Histoire politique en Albion, qui, pour le coup, n’a pas volé son qualificatif de perfide: on y observe la difficile reconnaissance de l’homosexualité et des droits des immigrés, chevaux de bataille de ce politicien bien mal embarqué. L’hypocrisie, la couardise, la brutalité et le calcul (pas toujours couronné de succès) sont ici en réalité des portes d’entrée vers une humanité profonde, fragile, terriblement friable.

Minisérie créée par Russel T Davis et Stephen Frears. Avec Hugh Grant, Ben Whishaw, Monica Dollan.

8

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