Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Tous des immigrés! – à Paris, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration retrace le parcours de tous les migrants. Une thématique pour laquelle l’art contemporain fait des merveilles.

Au CNHI, 293, avenue Daumesnil, à 75012 Paris. Jusqu’au 19/04.

Des sacs, des chaises pliantes, des vélos, des armoires, des matelas, des casseroles… et bien d’autres choses encore. Chaque année, l’autoroute des vacances foisonne de ces voitures qui ressemblent à des tours de Babel. Des constructions défiant les lois de la pesanteur. Les dockers du port de Marseille ont d’ailleurs baptisé ces véhicules surchargés « Voitures cathédrales ». C’est que le retour au bled draine son lot d’objets. Un photographe, Thomas Mailaender a mesuré tout le potentiel esthétique et symbolique de ces accumulations vertigineuses. A l’origine musée sans collection, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) a fait le choix d’acquérir des £uvres d’artistes contemporains pour illustrer son propos. Thomas Mailaender fait partie de ceux-là. Il n’est pas le seul. Plus loin, on tombe sur une £uvre de Barthélémy Toguo, Climbing Down. Une superposition monumentale de 6 lits décorée de sacs plastiques. L’installation évoque la promiscuité et la précarité du logement de ceux qui tentent leur chance dans un autre pays. A un autre endroit, l’artiste Kader Attia a posé La Machine à rêves. Ce distributeur automatique propose, pour quelques pièces, de s’offrir un kit  » Comment perdre son accent de banlieue en 3 jours?« . La machine fournit aussi du botox halal ou un « fashion tchador ». Grand écart entre racines et désirs engendré par la fantastique usine à frustration que peut être la société de consommation.

Passé inaperçu

Inaugurée en octobre 2007, la CNHI n’attire pas les grandes foules. Depuis l’ouverture, seuls 120 000 curieux l’ont visitée. Etrangement, le lieu vit loin des roulements de tambours. Peu médiatisé, il n’a pas eu les faveurs d’une inauguration en grande pompe. Ni Nicolas Sarkozy, ni Christine Albanel n’ont daigné être présent à l’événement. A titre d’exemple, le musée du Quai Branly a nécessité 240 millions d’euros pour sa construction, là où la Cité n’en a coûté que 23 millions. Pourtant, le lieu est un ancrage formidable entre passé et réalité contemporaine. Il appartient à un nouveau genre muséal qui fait feu de tout bois pour coller au monde qui l’entoure: archives, photographies, sculptures, caricatures de presse, vidéos, souvenirs du quotidien… Tout cela doit être vu.

www.histoire-immigration.fr

Michel Verlinden

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