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Ils se sont tous rassemblés pour veiller le corps d’Alex: Willy, Lucien, Gaby, Léon, Hervé, Adam, Denis… et Philippe, l’auteur lui-même. Leur ami vient de succomber des complications engendrées par le sida. Nous sommes en 1995, la maladie ne connaît aucun remède ni endiguement (la trithérapie et ses premiers effets positifs n’arrivent qu’en 1996). Pour la société, elle est une menace (le “cancer gay”) quand elle n’est tout simplement pas ignorée. Dans la bulle homo parisienne, les noms d’amis et d’ex se biffent chaque semaine dans les carnets d’adresses. Celui d’Alex est un de plus, inéluctable sort pour ce flamboyant. Après Comment tout a commencé en 2019, l’auteur et journaliste Philippe Joanny poursuit son œuvre de documentation d’une mémoire d’un univers qui n’existe plus ou a bien changé. Il donne à son nouvel ouvrage dédié à Guillaume Dustan la forme d’un entretien éclaté avec les témoins d’alors. Il retranscrit l’atmosphère d’une fin d’époque et de l’insouciance d’une communauté qui avait trouvé dans le Marais un refuge à sa liberté et à ses excès. Préservant l’impression d’une fête de fin du monde, il donne à lire et à entendre les parcours de jeunes provinciaux venus à la capitale se (re)construire, les familles prisonnières des préjugés étant tenues à distance. En six chapitres pour autant de jours, Joanny pratique le décompte des heures qui ont compté et qui comptent encore, même si une mort plus ou moins imminente restait le seul horizon.

De Philippe Joanny, éditions Grasset, 192 pages.

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