D’ Olivier Cachin et Christophe Geudin. Éd. Tournon. 224 pages.

1908. Les premières projections des frères Lumière ont eu lieu une dizaine d’années auparavant (en 1895 exactement). Le cinéma naissant s’apprête à passer une nouvelle étape. Avec L’Assassinat du Duc de Guise, un auteur reconnu de théâtre, Henri Lavedan, de l’Académie française, écrit pour la première fois un scénario pour le cinéma, que beaucoup considèrent encore, au mieux, comme un gadget, voire une attraction de foire. Mais le film ouvre une deuxième porte: une musique – une petite suite de 18 minutes – est en effet spécialement commandée au renommé Camille Saint-Saëns. La B.O. est née!

Pour ses 100 ans, Christophe Geudin et Olivier Cachin se sont mis en tête de retracer son histoire en… 100 bandes originales clés – dites cultes dans ce cas-ci. De The Jazz Singer, le premier film parlant sorti en 1927, à la B.O. de Jonny Greenwood (Radiohead) pour There Will Be Blood, l’ouvrage balaie donc large. A chaque bande originale sont consacrées deux pages: d’un côté, le visuel; de l’autre, les explications sur le compositeur, le rôle de la musique dans le film, des anecdotes… Les deux journalistes qui se sont lancés dans l’aventure sont d’abord des spécialistes de la presse musicale. Et cela se marque. Dans le format d’abord, proche du vinyle, qui permet de reproduire la plupart du temps la pochette originale du 33 tours en face du texte d’explication. Le choix des cent films est aussi, et d’abord, musical. Normal quand on parle de bande-son? Certes, même si le film dont est tiré la B.O. n’est pas lui-même un chef-d’£uvre…

Cela posé, les deux journalistes français avancent leurs choix, forcément subjectifs. On retrouve une série de classiques évidents: le West Side Story de Bernstein, le Goldfinger de John Barry, le Psycho de Bernard Hermann… Mais aussi des incursions dans le cinéma de genre: la blaxploitation ( Shaft, Superfly,…), le film d’animation ( La planète sauvage), le porno ( Deep Throat)… Prolixe sur les années 70 – âge d’or il est vrai de la B.O. -, l’ouvrage affiche forcément des lacunes. C’est la loi du genre, mais tout de même: pas de Singin’ In The Rain, ni d’ OrfeuNegro, et pas une seule (!) B.O. signée Michel Legrand… Il fallait oser. Cette réserve mise à part, difficile de ne pas se plonger dans ces 100 B.O. cultes qui ont au moins le mérite de relire l’histoire du cinéma par un autre bout de la lorgnette.

L.H.

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