1. Le Désert rouge – 2. Chronique d’un amour

Le Désert rouge © DR

L’œuvre de Michelangelo Antonioni est inépuisable, et la redécouvrir constitue un bonheur chaque fois renouvelé. Démonstration aujourd’hui avec la réédition par Carlotta, et dans une exemplaire restauration 4K, de deux films de celui que l’on tient à raison comme l’un des inventeurs de la modernité cinématographique, Le Désert rouge et Chronique d’un amour.

Lion d’or à Venise en 1964, Il deserto rosso succède, dans la filmographie du cinéaste de Ferrare, à ce que l’on a nommé la trilogie de l’incommunicabilité (L’Avventura, La Nuit et L’Eclipse), dans la continuité de laquelle il s’inscrit, tout en marquant une rupture esthétique majeure puisquAntonioni y fait, pour la première fois, usage de la couleur. Et quel usage, celle-ci exprimant, dans sa stylisation même, l’aliénation de son héroïne, Giuliana (Monica Vitti), la femme d’un riche ingénieur de Ravenne qui, souffrant d’une dépression consécutive à un accident de voiture, tente de trouver quelque réconfort auprès de Corrado (Richard Harris), un ami de son mari. Sans toutefois que cette errance affective, dans des décors industriels désolés, ne semble pouvoir apaiser ses angoisses…

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Peinture de la névrose existentielle, Le Désert rouge s’appuie sur un traitement magistral de la couleur, Antonioni jouant aussi bien du ton sur ton que du contraste et du surgissement, pour traduire les états d’âme de Giuliana qu’il inscrit dans un environnement industriel enveloppé de brumes hivernales, et non dénué par ailleurs de poésie – voir les champs d’antennes pour écouter les étoiles. Pour un résultat instruisant un rapport stimulant entre mondes intérieur et extérieur, et ajoutant à l’acuité du propos, magistralement traduite par l’intranquillité de Monica Vitti, une stupéfiante beauté plastique. Un chef-d’œuvre que prolongent de nombreux suppléments (et memorabilia dans l’édition prestige limitée), dont une passionnante interview du réalisateur enregistrée pour Les Ecrans de la ville, de l’ORTF, en novembre 1964.

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Carlotta a l’excellente idée d’assortir cette sortie de celle de Chronique d’un amour, le premier long métrage d’Antonioni qui, en 1950, annonçait son œuvre à suivre. Antonioni y met en scène Paola (Lucia Bosé), une jeune femme (mal) mariée à un industriel milanais qui, son mari ayant engagé un détective privé pour enquêter sur son passé, voit réapparaître Guido (Massimo Girotti), son amour de jeunesse, à qui l’unit un secret soigneusement enfoui. Et les circonstances de rapprocher les anciens amants. Soit une variation habile sur le film noir, en désamorçant les ressorts dramatiques traditionnels, tout en annonçant cet art dans lequel le réalisateur excellera: le portrait de femme.

1. DRAME De Michelangelo Antonioni. Avec Monica Vitti, Richard Harris, Carlo Chionetti. 1964. 1 h 57. Dist: Carlotta.

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2. DRAME De Michelangelo Antonioni. Avec Lucia Bosé, Massimo Girotti, Gino Rossi. 1950. 1 h 43. Dist: Carlotta.

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