Critique | Livres

« Les meufs c’est des mecs bien »: un premier roman drolatique signé Mourad Winter

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Mourad Winter, auteur de Les meufs c'est des mecs bien © Diane Moyssan

Mourad Winter, Clique éditions

Les meufs c'est des mecs bien

336 pages

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Auteur humoristique déjà remarqué avec L’amour, c’est surcoté, bientôt adapté au cinéma, Mourad Winter revient avec sa plume déjantée. Dans Les meufs c’est des mecs bien, tout le monde en prend pour son grade.

«Ce qui est sympa, c’est qu’à la fin de ce bouquin, les fachos et les djihadistes auront un point commun, une envie sincère et éminemment compréhensible de me faire manger: mes morts.» Wourad est bagagiste, en couple et musulman «de la team» mais pas franchement pratiquant. Quand Adé, sa copine, décide de se convertir et porter le voile, autant dire qu’il est surpris. Avec ce journal déjanté, Mourad Winter passe au Kärcher clichés et préjugés de notre époque grâce au regard acéré de son héros, Wourad -avec un W de super-héros de la punchline. Ça name-droppe à tout va comme dans un roman de Bret Easton Ellis. Mais ici les références aux marques et groupes 80’s ont laissé place aux épouvantails so 2020 des chaînes d’info. On passe de Bree Van der Kamp à Colin Powell en un paragraphe, on invoque BFM TV comme Les Douze Coups de midi, Aldo Maccione comme Dahmer.

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Débit de mitraillette

On n’est pas loin du roman picaresque, avec une option rocambolesque de proximité et un petit quelque chose du Wilt de Tom Sharpe. Sérieusement iconoclaste, Mourad Winter tire dans tous les sens avec un à-propos ravageur, taclant avec délectation et audace les approximations et les maladresses de nos quêtes identitaires contemporaines. C’est un roman d’ici et de maintenant, servi par une langue hyper actuelle et sidérante d’oralité, mêlant avec virtuosité moult niveaux de langages, et intégrant avec vélocité parler populaire et références culturelles. Avec un débit de mitraillette, qui peut demander une certaine concentration et pourrait vous faire pouffer de rire dans le métro, Winter pose un regard parfois tendre mais plus souvent satirique sur les travers de notre époque, sans pour autant verser dans l’anti-wokisme décomplexé, même si chacun·e en prend pour son grade. Un exemple? À propos de la petite amie précédemment catholique du héros, passée du côté obscur du voile, qui s’étonne quand on l’arrête dans les magasins: «Ce qui la rend vraiment ouf? C’est d’avoir perdu son mot de passe du privilège blanc.»

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