Critique | Livres

La BD de la semaine: quatre couleurs

- © DR

On se souvient d’un jeune punk chantant qu’en quatre couleurs, il se tapait des nanas sur le divan ou sur le paillasson. Trente-cinq ans plus tard, rien n’a changé.

Grégoire, étudiant fort peu sympathique, ne pense aussi qu’à se taper des nanas. Si le gars de la chanson est largué comme un grand connard à la fin par la fille, l’étudiant, lui, les jette après usage. Grégoire n’est pas non plus un punk, il est plutôt du genre fils à papa, rebelle et entretenu. Mais papa en a marre de payer les études de son fêtard de fils: il va falloir bosser pour passer son année. Il imagine alors un échange d’identité avec son pote Pierre pour réussir les examens. Sur la route de la triche, nos deux compères vont croiser quatre filles: celle de la bibliothèque en t-shirt marin, la belle rousse incendiaire, la prof sexy aux robes émeraudes et l’ancienne conquête toute de noir vêtue. Objet de fantasmes pour certaines ou réel risque de se faire démasquer pour d’autres, Grégoire, du haut de sa suffisance, louvoie pour éviter les embûches. Mais la manoeuvre devient de plus en plus difficile et plutôt que de s’avouer vaincu, il fonce la tête la première pour le meilleur… et surtout pour le pire.

Entièrement réalisé au bic à quatre couleurs, chacune représentant une des filles rencontrées, le récit ne tombe pas dans le piège de l’exercice de style. L’auteur privilégie une couleur dominante par chapitre et, en y ajoutant des touches légères des trois autres, arrive avec cette contrainte technique de base et un minimum de moyen à créer une ambiance tout en nuance, minimale et stylisée: la palette que notre oeil perçoit n’est-elle finalement pas composée des trois primaires? Après une poignée d’albums, Blaise Guinin trouve enfin son identité graphique avec cet enthousiasmant polar noir, mais aussi bleu, vert et rouge.

DE BLAISE GUININ, ÉDITIONS VRAOUM, 144 PAGES.

C.B.

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